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 THE 
              EDUKATORS  Article 
              publié dans la Lettre n° 238 
 THE EDUKATORS. Film allemand de Hans Weingartner 
              avec Daniel Brühl, Julia Jentsch, Stipe Erceg, Burghart Klaussner 
              (2004-couleurs-2h05). Jan et Peter sont étudiants, ils se connaissent depuis l’enfance. 
              Comme tous les jeunes, ils ont tendance à refaire le monde et militent 
              contre l’exploitation des enfants du tiers monde par les entreprises 
              capitalistes délocalisées. Ils ont institué une sorte de jeu. Ils 
              s’introduisent de nuit dans des villas cossues, saccagent les pièces 
              sans rien dérober et laisse un message signé The Edukators, 
              avec ces mots : « vos années de vaches grasses sont comptées» ou 
              encore « vous avez trop d’argent ». Ils espèrent ainsi déstabiliser 
              les bourges nantis et les faire réfléchir.
 Un soir, alors que Peter est parti pour l’Espagne, Jan raconte leurs 
              incursions secrètes à Jule. A la demande de la jeune fille, ils 
              s’introduisent dans la villa de Hardenberg, un industriel envers 
              lequel elle a une très forte dette. Ils vandalisent les lieux, partent, 
              mais Jule s’aperçoit qu’elle a oublié son portable. En retournant 
              le chercher, ils tombent sur le propriétaire qui la reconnaît. Affolés, 
              ils l’enlèvent avec l’aide de Peter revenu de vacances, puis se 
              retranchent dans un chalet inoccupé. Une sorte de cohabitation entre 
              kidnappeurs et kidnappé s’instaure, les uns sur leur garde, l’autre 
              tentant de gagner leur confiance.
 Malgré sa durée, le film de Hans Weingartner ne laisse aucune place 
              au remplissage. Filmées la plupart du temps la caméra à l’épaule 
              et avec une débauche de gros plans, les scènes se succèdent, rapides, 
              le suspense s’installe et va, croissant, jusqu’au dernier plan. 
              Le réalisateur brosse un tableau de la société bourgeoise allemande 
              d’aujourd’hui, et met en relief, d’une façon un peu démonstrative 
              mais efficace, l’héritage du gauchisme des années 70, les lois de 
              la productivité et le désenchantement face à la vie. Les différents 
              caractères sont assez bien dessinés. On est frappé par le décalage 
              entre la fraîcheur, la naïveté et le romantisme de ces trois jeunes 
              gens, face à leurs convictions politiques et à leur réflexion sur 
              le monde qui les entoure. Le personnage de Hardenberg est également 
              bien cerné. Trente ans plus tôt, lui aussi refaisait le monde et 
              vivait en communauté, puis les années ont passé. Travaillant douze 
              à treize heures par jour, l’engrenage de la course au profit l’a 
              rendu prisonnier d’une vie de rêve, pour les autres, mais infernale 
              pour lui, car elle l’écarte pour toujours des plaisirs tranquilles 
              d’une existence plus simple. Peut-on encore changer son existence 
              lorsque la vie est derrière soi? Peut-on réviser la sienne lorsqu’elle 
              est devant soi? Hans Weingartner exprime son opinion dans un épilogue 
              assez réaliste. Les comédiens sont excellents, Daniel Brühl, le 
              héros de Good bye Lenine, tout particulièrement. Lien: 
              www.bacfilms.com/site/edukators
 
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