THE
CORPORATION
Article
publié dans la Lettre n° 237
THE CORPORATION. Documentaire américain
de Mark Achbar et Jennifer Abbott (2004-couleurs-2h25).
Si pour le Petit Robert une entreprise est « une organisation
de production de biens ou de services à caractère commercial »,
pour les Etats-Unis, cible de ce documentaire, la Corporation,
ou transnationale cotée en bourse, est « une propriété commerciale
où travaille un groupe d’individus ».
Né au XVIIIe siècle avec l'entrée de la machine à vapeur dans la
pratique industrielle, le système n'a pas changé. Les produits sont
seulement plus sophistiqués. Juridiquement, elle fonctionne comme
une personne morale. Elle peut acheter ou vendre des biens, c’est
un membre de la société. Elle a les droits d’une personne... immortelle.
Son seul intérêt: le profit coûte que coûte. Cette course aux bénéfices
est la source de conséquences le plus souvent dramatiques pour les
populations où elle sévit et pour le consommateur. Travail à une
cadence infernale pour un salaire de misère, vente de produits de
base comme les semences qui appauvrit l’acheteur plus qu’il ne l’enrichit,
pollution, empoisonnement des consommateurs, source de cancers,
conditionnement psychologique par la publicité afin de créer un
besoin inutile, la corporation est devenue une dangereuse
psychopathe dont il faut arrêter les méfaits avant que ne soit atteint
le point de non retour.
Si quelques chefs d’entreprise se rendent compte de la situation
comme ce fabricant de moquettes qui se donne vingt ans pour parvenir
à fabriquer un produit sans devoir exécuter de nouveaux prélèvements
sur la nature, la plupart préfère ignorer l’héritage qu’elle laissera
aux générations futures.
En deux heures et demie, Mark Achbar et Jennifer Abbott dressent
un panorama complet d’une situation assez terrifiante dont nous
lisons au jour le jour certains exemples dans les journaux. Mis
bout à bout et asséné à un rythme plus que soutenu, leur travail
de recherche sur les méfaits de l’entreprise, appuyé par l’intervention
finale, humoristique et musclée de Mike Moore, engendre un sentiment
de révolte mais surtout d’impuissance. Lien: www.thecorporation.com
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