THE
BARBER, L'HOMME QUI N'ETAIT PAS LA
Article
publié dans la Lettre n° 192
THE BARBER, L’HOMME QUI N’ETAIT PAS LA.
Film américain de Joel Coen avec Billy Bob Thornton, Frances Mac
Dormand, Adam Alexi-Malle, James Gandolfini, Michael Badalucco (2001-noir
et blanc-1h55).
Dès les premières images, une voix sans timbre, monocorde, entame
un long monologue. L’histoire qu’elle raconte est celle de Ed Crane,
coiffeur de son état chez son beau-frère Franck. Il est marié à
Doris, comptable dans un grand magasin, et sans enfants. Une vie
étriquée, dans une petite maison sans caractère d’une bourgade étriquée
de l’Amérique profonde que rien ne semble vouloir éclairer d’un
jour nouveau. Un beau matin pourtant, un homme passe le seuil du
salon de coiffure et parle à Ed d’un projet d’installation d’un
pressing. La vie de l’homme qui n’était pas là va s’en trouver
bouleversée.
La caméra se porte tout naturellement sur le visage de cet homme
qui raconte en voix off sa propre histoire en un unique flash-back
et elle y reviendra le plus souvent possible. Les différentes scènes
qui se succèdent pour animer le récit sont le support de ce visage
imperturbable, qui passe sans transition du monologue au dialogue.
Joel Coen nous offre ici une oeuvre d’art plus qu’un simple film.
Car, filmé en noir et blanc, c’est la mise en scène par l’utilisation
savante de l’image qui l’emporte sur l’action elle-même. Jouant
avec les contrastes du noir et blanc, l’ombre et la lumière, les
prises de vue, (plongée qui fragilise le sujet ou contre-plongée
qui le met en relief), travellings, plans coupés ou fondus enchaînés,
ralentis, plans d’ensemble ou plans américains, panoramiques, le
réalisateur se sert continuellement de tous les subterfuges, de
tous les artifices et de toutes les possibilités que lui offre sa
caméra pour surprendre, étonner, angoisser, servi par une musique
très présente, minutieusement choisie. Mais si les images et la
musique suggèrent les actes et les sentiments, Billy Bob Thornton
réalise une formidable composition de son rôle, celui d’un homme
ordinaire à qui il manquait seulement le désir de vivre parce que
sa propre vie ne l’intéressait pas. Un prix de la mise en scène
à Cannes amplement mérité. Lien: www.thebarber-lefilm.com
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