SWIMMING
POOL
Article
publié dans la Lettre n° 215
SWIMMING POOL. Film français de François
Ozon avec Charlotte Rampling, Ludivine Sagnier, Charles Dance, Marc
Fayolle (2002-couleurs-1h40).
Une villa avec piscine, perdue dans l’écrin grandiose du Luberon,
c’est là que, sous la suggestion de son éditeur londonien, Sarah
Morton, écrivain britannique, est venue chercher l’inspiration.
Car, au bout de vingt romans policiers, réclamés à cor et à cri
par ses fervents lecteurs, la romancière n’a plus le feu sacré.
Coca-Cola et taillefine à discrétion, elle se met au travail. Elle
se sent bien dans la maison de John, elle est certaine de sortir
quelque chose de neuf. L’arrivée inattendue de Julie, une jeune
fille qui n’a pas froid aux yeux, va tout d’abord la contrarier.
Les conceptions austères de Sarah ne vont pas de pair avec celles
de la bruyante Julie, qui se présente comme la fille cachée de John
et ramène chaque nuit un amant différent. Pourtant, après quelques
coups de griffes, une entente tacite va s’instaurer entre les deux
femmes et peu à peu se transformer en complicité. Célibataire un
peu coincée, Sarah va apprendre une fonction dont elle ignorait
tout, celle de mère. Julie, quant à elle, va trouver en Sarah ce
qu’elle cherchait depuis son adolescence brisée.
François Ozon nous a régalés de films aux registres différents.
Ici, il mêle l’intrigue policière (Huit femmes) à la psychologie
(Sous le sable). Des prises de vue léchées, un regard admiratif
sur deux comédiennes éblouissantes lui permettent de bâtir une histoire
où une femme accomplie et une jeune fille fragile se cherchent et
se trouvent. Charlotte Rampling remplit son rôle à la perfection,
faisant passer dans son seul regard toute une gamme d’émotions.
On lit sur son visage comme dans un livre ouvert. Le talent naissant
de Ludivine Sagnier dans Huit Femmes explose ici, mais il ne s’arrête
heureusement pas à son insolente beauté. Elle est une Julie qui
exprime son désarroi de façon remarquable. Jusqu’au bout, François
Ozon retient l’attention. Le soufflé aurait pu retomber mais l’épilogue
clôt tendrement ce film original et curieux dont le milieu littéraire
remémore celui de Tirer à part de Bernard Rapp, bien que
la vengeance soit tout autre. Lien: www.francois-ozon.com
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