SIN
CITY
Article
publié dans la Lettre n° 244
SIN CITY. Film américain de Robert Rodriguez
et Frank Miller avec Bruce Willis, Clive Owen, Mickey Rourke, Rosario
Dawson, Benicio del Toro (2004-couleurs-2h00).
Sin City est une ville proche de Sodome et Gomorrhe où le vice est
roi, où règnent en maîtres flics véreux, filles faciles et criminels
de tout poil, commandités par des hommes influents. Hartigan (Bruce
Willis), policier intègre, a sauvé des mains meurtrières d’un psychopathe
pédophile la jeune Nancy qui, huit ans plus tard, est devenue une
strip-teaseuse dont il est amoureux. Il lui faut de nouveau la protéger,
au péril de sa vie. Pendant ce temps, Marv (Mickey Rourke, méconnaissable),
un colosse au grand coeur, n’a de cesse que de venger la mort de
Goldie, son grand et seul amour, tandis que Dwight (Clive Owen)
tente par tous les moyens humains et surhumains de protéger Gail
(Rosario Dawson) et ses filles, des exactions de Jackie Boy (Benicio
del Toro), un flic pourri.
Les trois histoires, mises bout à bout, sont tirées de la célèbre
bande dessinée de Franck Miller qui co réalise avec le cinéaste
Robert Rodriguez cette adaptation pour le grand écran. Véritable
exercice de style, Sin City allie l’univers du film noir à celui
de la bande dessinée où l’imagination la plus débridée rend possibles
les actions les plus impossibles, et réels, les personnages les
plus irréels. Stéréotypes de cet art, des créatures de rêve voluptueuses,
implacables ou victimes, sont défendues par des surhommes virils
et costauds, bardés de cicatrices, face à des fripouilles moralement
et physiquement démoniaques. Les prouesses de ces trois héros, accomplies
dans un univers résolument noir et glauque, battu par une pluie
incessante, sont commentées, entre deux dialogues, par la voix off
de chacun. Les scènes s’enchaînent à un rythme diabolique, d’une
extrême violence, que seuls le crayon d’un dessinateur ou la magie
de la 3D peuvent matérialiser, où l’action se déroule sans aucune
nuance mais saupoudrée d’un soupçon d’humour. La scène, élaborée
par Quentin Tarantino lui-même, où Dwight conduit une voiture délabrée
en compagnie du cadavre très bavard de Jackie Boy, reste la plus
drôle. Agrémenté de quelques touches de couleurs, pour les yeux
des personnages, l’hémoglobine et certains accessoires, le graphisme
noir et blanc transforme de façon hallucinante des acteurs en personnages
de B.D. Un mariage très réussi entre deux arts pourtant opposés,
grâce à une perfection technique qui force l’admiration. Lien
: www.sincity-lefilm.com
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