SIA
LE REVE DU PYTHON
Article
publié dans la Lettre n° 202
SIA LE REVE DU PYTHON.
Film franco-burkinabé de Dani Kouyaté avec Fatoumata Diawara, Sotigui
Kouyaté, Habib Dembélé, Hamadoun Kassogué (2001-couleurs-1h35).
A Koumbi, petite ville africaine poussiéreuse et sans âge, Kerfa
harangue les passants de diatribes enflammées. Personne ne lui prête
attention pas même Kaya-Maghan, l’empereur des lieux, qui préfère
le laisser jouer les fous du roi, dénonçant les abus du pouvoir,
plutôt que d’en faire un martyr en le réduisant définitivement au
silence. Dans ce coin perdu d’Afrique, on vit dans le respect des
rites et des légendes sur lesquels s’appuie Kaya-Maghan pour régner
sans partage. Mais un soir, cinq prêtres encapuchonnés viennent
réclamer la plus belle vierge du village pour le sacrifice rituel
au Dieu Python afin de perpétrer la prospérité des habitants. Sia
est choisie. Kaya-Maghan offre son poids d’or à ses parents en échange
de la vie de leur fille. Mais contre toute attente la jeune fille
se rebelle et s’enfuit. Elle se réfugie chez Kerfa. Cette désobéissance
devient une affaire d’état et les langues vont bon train entre les
partisans de l’exécution du rite ancestral et ses détracteurs. L’oncle
de Sia, chef des armées de l’empereur, dont la fille a subi le sort
de Sia quelques années plus tôt, décide de faire prévenir le fiancé
de celle-ci, soldat en guerre sur le front, afin de contrecarrer
la décision de Kaya-Maghan et de le destituer, non pour en finir
avec l’odieux mensonge mais en l’utilisant pour prendre le pouvoir.
« C’est le privilège des légendes d’être sans âge » disait Jean
Cocteau. Reprenant cet aphorisme, Dani Kouyaté laisse le spectateur
supputer sur l’époque où il situe son récit, inspiré d’une légende
du Xe siècle de l’Empire du Ghana. Hier ou aujourd’hui, qu’importe.
La légende sert ici de métaphore au réalisateur pour dénoncer la
situation de tout un continent prisonnier d’un pouvoir hypocrite
et corrompu qui exploite les superstitions et la naïveté de la population
pour asseoir sa tyrannie. Les films africains se font rares dont
l’intérêt de celui-ci. Après Keita, son premier long métrage, Dani
Kouyaté pose avec celui-ci un regard lucide sur un peuple qui étouffe
lentement sous le poids des guerres tribales et des superstitions
et l’on retrouve avec plaisir dans le rôle de l’oncle chef des armés,
Sotigui Kouyaté, l’admirable interprète de Little Senegal. Lien:
www.sialefilm.com
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