SHARA

Article publié dans la Lettre n° 227


SHARA. Film japonais de Naomi Kawase avec Kohei Fukunaga, Yuka Hyodo, Naomi Kawase, Katsuhisa Namase, Kanaka Higuchi (2003-couleurs-1h40).
Kei et Shun, des jumeaux d’une dizaine d’années, jouent dans la cour intérieure de leur maison, baignée de soleil. Puis ils sortent et courent d’une ruelle à l’autre du vieux quartier de Nara, ancienne capitale du Japon. Bonheur simple, interrompu au détour d’une impasse, comme la course de Shun, qui se retrouve seul, interdit, devant la barrière en bois d’une demeure devant laquelle, d’un coup, s’est volatilisé son frère.
Les années passent, nulle trace de Kei. Shun a dix-sept ans. Il va au lycée. Il est doué pour la peinture mais dans celle-ci transparaissent ses sentiments, l’absence, le manque de ce frère dont il n’a pas fait le deuil malgré la tendre sollicitude de ses parents. Reiko, sa mère, cultive le potager. Elle attend un autre enfant et se prépare à sa naissance toute proche. Taku Aso, le père, un oeil sur le ventre de sa femme, organise la fête locale. Shun peut aussi compter sur l’amitié amoureuse de Yu, une camarade du lycée. Seuls leurs gestes maladroits trahissent l’inclination qu'ils ont l’un pour l’autre.
Après Suzaku en 1997, long métrage qui avait révélé Naomi Kawase au public de Cannes, la cinéaste, elle-même enfant abandonnée à la naissance et adoptée à dix an, continue de consacrer son oeuvre sur les origines. Elle base son histoire sur l’importance du foyer et de la famille mais aussi sur les traditions et les croyances de son pays: la fête rituelle de Basara, Taku annonçant un jour le retour de Kei, rien de plus, mais Shun en sera très perturbé, Shoko, la mère de Yu, confiant à celle-ci le secret aussi lourd qu’inattendu de sa naissance. Elle privilégie l’esthétisme des images, s’attardant sur les magnifiques quartiers anciens de Nara et ses rues luisantes de pluie après l’orage, sur les couleurs chamarrées de la fête. Le film s’achève sur une double délivrance, celle de Reiko qui met son fils au monde, celle aussi de Shun pour qui cette naissance, libératrice d’un passé, lui arrive en trombe comme la pluie sur les danseurs déchaînés de la fête, lavant le passé et source d’un futur apaisé. Lien: www.pyramidefilms.com/shara/shara.htm


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