LE SECRET DE KANWAR
Article
publié exclusivement sur le site Internet, après la
Lettre n° 370
du 16 juin 2014
LE SECRET DE KANWAR (Qissa: The Tale of
a Lonely Ghost). Film de Anup Singh avec Irrfan Khan, Tisca Chopra,
Tillotama Shome, Rasika Dugal (2012 - Inde, Allemagne, France, Pays-Bas
- couleurs - Scope - 1h49).
1947. La partition de l'Inde et la création du Pakistan naissent
dans la douleur. Jetés sur les routes vers ce qui sera désormais
leur pays, indous, musulmans, sikhs doivent laisser derrière eux
tout ce qu'ils possèdent. La veille de leur fuite, Mehar Singh accouche
d'une troisième fille, un désespoir pour elle, une nouvelle déception
pour Umber, son époux, qui, comme tous les hommes de sa race et
de sa religion, n'entrevoit pas sa vie sans la venue d'un héritier.
Umber est issu de la bonne société Sikh. Il installe sa famille
dans leur nouveau pays. Une autre vie commence avec l'annonce d'une
quatrième grossesse. À la naissance, c'est enfin un garçon, c'est
du moins ce que décide Umber. Mehar, impuissante, ne peut qu'obéir,
trop heureuse de ne pas mourir sous les coups d'un mari furieux
de voir l'incapacité de sa femme à engendrer un fils. Kanwar est
donc éduquée comme un garçon, enfant roi de la famille. Faire du
sport avec les meilleurs maîtres, chasser, conduire un camion, tout
lui est permis. Les années passent, la famille vit cette mystification
comme si de rien n'était jusqu'au jour où Kanwar rencontre Neeli,
une jeune tzigane. Contre toute attente, son père décide de les
marier. Si le soir des noces est pour Kanwar une épreuve, il est
pour Neeli une insupportable déception.
Anup Singh crée avec ce deuxième long métrage, une œuvre saisissante.
Le contexte très concret de cette période tragique de l'histoire
de l'Inde et du Pakistan au cours de laquelle la famille Singh perd
sa nation, donc une partie de son identité, cède peu à peu la place
à un récit sur une autre identité, celle des genres masculin et
féminin. Le film tend alors vers une dimension presque fantastique,
qu'exprime bien le titre original. L'action menée tambour battant,
le jeu authentique des acteurs, la beauté des paysages et le merveilleux
travail sur la lumière emportent le spectateur occidental dans un
monde où le mode de vie et les comportements sont aux antipodes
des siens. Il suit, captivé, le destin de Kanwar, prisonnière des
coutumes et des croyances omniprésentes, où l'omnipotence du père
sévit au-delà même de la vie, âme qui rode pour poursuivre coûte
que coûte sa quête, fantôme solitaire et errant de deux esprits
enfermés dans un seul corps. Un film envoûtant à ne pas manquer.
En salles à partir du 3 septembre 2014. Pour
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