SAUVAGE INNOCENCE

Article publié dans la Lettre n° 194

SAUVAGE INNOCENCE. Film français de Philippe Garrel avec Julia Faure, Mehdi Belhaj Kacem, Michel Subor (2001-noir et blanc-2h00).
François Mauge ne parvient pas à faire le deuil de son amie, tuée par la drogue. Jeune réalisateur, il vient d’achever un scénario sur ce thème afin de dénoncer le fléau auprès des jeunes. Il ne lui reste qu’à trouver un producteur. Après plusieurs refus, un ami lui donne les coordonnées d’un certain monsieur Chas qu’il lui présente comme une relation. Ce dernier s’intéresse au scénario, offre même de le produire mais à une condition: il a besoin de François pour passer de l’héroïne d’Italie en France. François se trouve devant une alternative: refuser ce marché et tirer un trait sur son film, accepter le marché mais s’impliquer lui-même dans ce qu’il combat. Il accepte l’offre de Chas car, pour lui, faire ce film est la seule façon d’oublier, oublier une histoire dont il devrait «se débarrasser », comme le lui conseille son père, mais « justement avec ce film », rétorque la mère qui comprend la démarche de son fils. Amoureux de Lucie, rencontrée par hasard et dont il va faire la vedette de Sauvage innocence, François se jette à corps perdu dans le tournage sans se rendre compte que la jeune fille est fragile. A force de jouer avec le feu, on s’y brûle.
Philippe Garrel a toujours été un cinéaste à part, en marge des modes et des courants. Dès les premiers plans en noir et blanc, nous reconnaissons d’emblée cette fidélité à son style et à ses idées, cheminement clair et précis vers l’aboutissement tragique. Medhi Belhaj Kacem semble avoir beaucoup travaillé son rôle, offrant un jeu simple pour mieux rendre l’authenticité de son personnage. Julia Faure est particulièrement émouvante dans celui de Lucie.

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