SANGUE. Film helvetico-italien
écrit, filmé et réalisé par Pippo Delbono sur une
idée de Pippo Delbono et Giovanni Senzani.
Avec La Paura (La peur), un film sur l'Italie d'aujourd'hui,
sorti en 2009, Amore carne, un film sur l'amour, la poésie,
la chair, les rencontres, y compris d'artistes célèbres, sorti en
2013, Sangue (sang) poursuit et achève cette « trilogie
biologique » inclassable. Pippo Delbono, auteur, metteur en
scène de théâtre et d'opéra, comédien (on l'a vu dans le film de
Yolande Moreau Henri, où il jouait le rôle-titre), tourne
ses films avec un téléphone mobile ou une petite caméra vidéo. Ce
procédé donne à ceux-ci la forme de documentaires et lui ont même
valu en 2003, à la Mostra de Venise, le David di Donatello du meilleur
documentaire, pour Guerra.
Sangue commence par un enterrement dans la neige, début 2013.
Une foule nombreuse se presse dans le cimetière. On devine qu'il
s'agit de la mort d'un ancien militant et l'on aperçoit même son
nom sur le cercueil, Prospero Gallinari. Pippo Delbono assiste aux
funérailles de cet ancien activiste des Brigades rouges, à l'invitation
de Giovanni Senzani, un ancien leader de ce mouvement, libéré en
2004 après dix-sept ans de prison de haute sécurité. Ce dernier
avait rencontré Pippo Delbono après avoir vu l'un de ses spectacles
et ils avaient décidé de faire un film ensemble. Le sujet est venu
de lui-même, sans qu'ils s'y attendent, la mort. La mort d'un ancien
terroriste, la mort d'une ville comme L'Aquila, dévastée par un
tremblement de terre en 2009 et toujours en ruines, la mort d'un
être cher, la mère de l'un, la femme de l'autre.
Le réalisateur s'attarde longuement sur sa mère, catholique fervente
qui ne comprend pas l'intérêt que son fils porte à ce communiste
nécessairement athée ! Elle lui montre des prières qu'elle aime
beaucoup. On sent que sa vie chancelle. En effet elle est atteinte
d'un cancer et pour la soigner, son fils va chercher en Albanie,
un médicament fabriqué à Cuba qui pourrait la guérir. Ce voyage
est le seul moment amusant du film car, globalement, ce documentaire
intimiste est un drame. Margherita Delbono finit par mourir. Son
fils continue à la filmer sur son lit de mort, s'attirant, en voix
off, les reproches d'un parent, aussi choqué que le spectateur.
En parallèle, mais de manière plus discrète, l'auteur nous parle
d'Anna, la femme de Giovanni, qui l'attendit jusqu'à sa libération
et meurt elle aussi au même moment que sa mère. Autre mort, celle
de Roberto Peci, assassiné par les Brigades rouges en représailles
à la trahison de son frère, racontée par Giovanni Senzani qui, au
fond de lui, ne comprend peut-être plus pourquoi lui et ses camarades
ont commis de tels actes.
Pippo Delbono nous montre aussi son travail d'artiste avec des scènes
de théâtre où intervient son acteur fétiche, Bobo, un petit homme
sourd et muet, analphabète, que le réalisateur rencontra dans un
hôpital psychiatrique, et dont il raconte l'histoire dans son film
Grido (2006). Comme on le voit, le film est entièrement situé dans
un contexte familial et relationnel proche.
Ce film qui sort des sentiers battus plaira à ceux qui aiment d'autres
formes de cinéma que celles que l'on peut voir sur n'importe quel
écran. Ils ne le regretteront pas. Sortie en salles le 25 juin
2014. Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici
Retour
à l'index des films
Nota:
pour revenir à « Spectacles Sélection »
utiliser la flèche « retour » de votre navigateur
|