LES REVOLTES

Article publié exclusivement sur le site Internet, après la Lettre n° 384
du 15 juin 2015

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LES REVOLTES. Drame de Simon Leclère avec Paul Bartel, Solène Rigot, Gilles Masson, Pierre Boulanger, Hugo Zermati (France, couleurs, 2014, 1h22).
A 19 ans, Pavel est amoureux d'Anja, son amie d'enfance, avec laquelle il passe son temps libre sur les bords de la Loire, et souhaite faire sa vie avec elle. Comme son père et son grand père avant lui, il travaille à l'usine locale. Un jour la direction annonce un plan social. Pavel, qui est en CDD, sera l'un des premiers à partir. Maciek, le père d'Anja, syndicaliste ayant perdu ses convictions, lui promet un CDI s'il vote en faveur du plan social. Il accepte le marché mais l'entreprise se sépare néanmoins de lui. Anja, qui vient de passer son bac, se laisse alors séduire par Antoine, le fils du patron. Pavel perd d'un coup toutes ses certitudes et voit sa vie s'effondrer dans le néant. Au cours d'une fête entre copains sur les bords du fleuve, il décide de disparaître. Tout le monde, ou presque, le croit mort.
Le film bascule alors dans une sorte de thriller social dont l'issue est incertaine.
Pavel qui n'avait aucune considération pour son père, ancien syndicaliste, aujourd'hui infirme suite à un accident avec une machine de l'usine, prend conscience des actions considérables de celui-ci au cours d'un conflit qui s'était mal terminé. Il découvre aussi que la société où il travaillait est en perte parce qu'elle provisionne le coût des licenciements et qu'elle utilise ensuite le fait d'être en perte pour procéder à ces licenciements ! Si Pavel, comme son père, a perdu ses illusions, il en est de même pour Anja, humiliée par Antoine.
Le film est un véritable révélateur, sans doute schématique et réducteur, sur la politique d'une entreprise, sur les techniques de prise de contrôle, de rachat, de financement, de manipulation du personnel.
La mise en scène est remarquable. Discrète et efficace, toujours centrée sur l'essentiel, elle apporte une grande clarté aux thèmes du film. L'interprétation n'est pas en reste avec un choix d'acteurs qui collent parfaitement à leurs personnages. C'est tout particulièrement le cas, dans le rôle de Pavel, du jeune Paul Bartel, nommé au César 2014 du jeune espoir masculin pour Les petits princes et de Solène Rigot, guère plus âgée que lui, dans le rôle d'Anja. A côté d'eux, on note la performance de Gilles Masson qui interprète Maciek, contremaître corrompu à la solde de son patron, prêt à toutes les basses besognes. Le choix de l'usine où le film est tourné donne beaucoup de crédibilité à celui-ci. La Loire enfin n'est pas seulement un élément décoratif car elle sert avec force le sujet. Un passionnant premier long métrage. R.P. En salles à partir du 15 juillet 2015.

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