RAY

Article publié dans la Lettre n° 240


RAY. Film américain de Taylor Hackford avec Jamie Foxx, Kerry Washington, Harry Lennix, Terrence Dashon Howard (2004-couleurs-2h30).
Après l’hommage rendu à Charlie Parker par Clint Eastwood en 1988 (Bird), voici un film magnifique, aboutissement de quinze années d’efforts, sur un autre grand musicien américain du vingtième siècle, Ray Charles, qui sort quelques mois après la mort de son héros. Taylor Hackford adopte un fil conducteur chronologique, entrecoupé à plusieurs reprises d’une scène où Ray, enfant, ne tente rien pour sauver son frère qui se noie dans une bassine, souvenir traumatisant qui obsède le musicien. Le récit est donc limpide. Il se déroule de la petite enfance de Ray à son irrésistible ascension, jusque dans les années 70, en passant par les débuts de sa cécité, provoquée par un glaucome vers l’âge de sept ans, l’éducation de sa mère qui lui apprend à surmonter seul, sans canne ni chien, son handicap et même d’en tirer parti, ses débuts au piano et ses premiers concerts et enregistrements.
Ray Charles est intelligent et doué. Très vite il comprend qu’il doit se battre seul pour ne pas être tondu par des partenaires sans scrupules ou pour imposer sa musique. Et c’est là que le film est étourdissant - même pour ceux qui ne sont pas des fans - car nous entendons une véritable compilation de ses airs les plus fameux tels que I Got a Woman (1954), mélange audacieux et scandaleux de gospel sacré et de blues profane, What Did I Say (1959), Hit the Road Jack (composé par Percy Mayfield en 1961, ce que le film ne dit pas !), Unchain My Heart, The Right Times, etc. Le véritable génie de Ray Charles, The Genius, est d’avoir embrassé tous les types de musique, jazz, country, blues, gospel, ballades de variété, avec le même bonheur et le même immense succès. Le film raconte en détail la vie hors du commun de cet artiste, ne cachant rien de ses nombreuses conquêtes féminines et de leurs conséquences, de ses problèmes difficiles avec la drogue, de ses relations opiniâtres avec les maisons de disques. Jamie Foxx, qui a su capter les gestes et la manière de Ray Charles, est éblouissant et son oscar amplement mérité.


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