PÔLE EMPLOI, NE QUITTEZ PAS !

Article publié exclusivement sur le site Internet, après la Lettre n° 374
du 17 novembre 2014

PÔLE EMPLOI, NE QUITTEZ PAS ! Documentaire de Nora Philippe (France - couleurs - 2013 - 1h18).
Une personne va ouvrir une porte. Une file de gens s'engouffre dans la pièce. Une nouvelle journée commence dans cette agence de Pôle emploi du 93, à Livry-Gargan, près de Clichy-sous-Bois, une zone en partie sensible. La caméra filme quelques-uns des demandeurs d'emploi tandis qu'ils exposent leurs problèmes aux agents qui les reçoivent. Il n'y a pas de commentaires sauf quand la situation exposée est inattendue, comme celle de cet homme qui veut faire une formation à Miami, aux Etats-Unis. Dans ce cas la réalisatrice interroge la conseillère de Pôle emploi.
Nous participons à la détresse de certains demandeurs d'emploi. Par exemple cet homme, sourd-muet, comme sa femme, accompagné par son fils d'une douzaine d'années, à qui la personne de l'accueil lui dit qu'il doit faire sa demande d'inscription par téléphone en appelant le 3949 ! Comment faire quand on est sourd ? Vous pouvez aussi utiliser Internet, répond l'agent. Mais mon père n'a pas Internet. On en reste là mais on sent que ce cas dépasse les compétences de l'agent d'accueil, voire du système lui-même, pourtant très perfectionné.
Lorsqu'ils sont de permanence téléphonique, certains agents, manquant totalement d'empathie, sont à la limite du supportable, tant pour le correspondant que pour le spectateur, On sent que leur métier est difficile et complexe. Comment trouver du travail à des personnes sans qualification, alors qu'il y a si peu d'offres ?
Le travail de recherche auprès des employeurs est tout aussi épuisant. A cela s'ajoutent les contraintes de cet établissement de plus de 50.000 salariés, à qui l'on demande, bien sûr, de «faire du chiffre ». La réunion où une chef de service analyse avec ses collaborateurs les résultats de chacun est éloquente. Les chiffres, selon les agents, vont pratiquement du simple au double et l'on sent la déception de cette femme qui ne pourra pas obtenir de promotion malgré son ancienneté, à cause de ses absences qui plombent ses résultats.
Heureusement certaines scènes sont assez drôles. Par exemple ce jeu entre des agents qui jonglent avec la multitude de sigles qu'ils utilisent, sans tous les connaître d'ailleurs, pour en faire une phrase totalement absconse. Il y a aussi de l'ironie dans cette séquence tournée à l'extérieur de l'agence où l'on voit le maire de la commune célébrer en grandes pompes l'embauche en contrat d'avenir - un dispositif apparu au moment du tournage du film, en 2013 - de quatre jeunes gens en qualité d'agents d'entretien. On se dit que l'on peut rêver à un autre avenir et qu'il y a sûrement mieux comme emploi à fêter. Un film sans parti pris, objectif, très intéressant, montrant l'envers du décor dans ce rapport entre les trois millions cinq cents mille demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi et les agents de ce dernier. R.P. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici

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