PAS
SI GRAVE
Article
publié dans la Lettre n° 212
PAS SI GRAVE. Film français de Bernard
Rapp avec Sami Bouajila, Romain Duris, Jean-Michel Portal, Léonor
Varela (2002-couleurs-1h40).
Leo, Max et Charlie ont été élevés chez Pilar et Pablo, un couple
d’artistes bohèmes, marqués par leur passé. Malgré la précarité
de leur vie, ils avaient sorti de la DDASS et accueilli « ces trois
charlots » de cinq ans, incasables dans aucune famille en quête
d’adoption. Les trois faux frères ont grandi et se sont un peu perdus
de vue, chacun affairé à gagner sa vie. Leur père adoptif va les
réunir grâce à une requête pour le moins surprenante, celle d’aller
chercher en Espagne, dans la région de Valence, la statuette de
la Vierge pourpre, trésor se trouvant dans une caserne militaire
et dernier souvenir de Pablo avant de quitter son pays en pleine
guerre civile à l’âge de vingt ans. Bien que la demande soit pressante,
leur père venant d’avoir une attaque, c’est à contre coeur que les
trois frères filent vers le sud en voiture, sur les routes ensoleillées.
Le voyage ne va pas se passer sans heurts, chacun, indisposé par
cette mission, ayant son petit caractère. S’ils vont se disputer,
en venir parfois aux mains, ou s’insulter, il vont se découvrir
et apprendre à accepter leur différence et à se respecter. Ce voyage
initiatique sera aussi pour eux l’occasion de faire connaissance
avec le berceau de leur père et ils ne resteront pas longtemps indifférents
à la chaleur de l’accueil des anciens camarades de combat de Pablo,
fidèles à leur amitié et à leurs souvenirs, à leur sens de la plaisanterie
et aux nombreux charmes qu’offre un pays dont ils ignoraient tout.
Bernard Rapp avait excellé en adaptant deux romans pour ses deux
premiers longs métrages Tiré à part et Une affaire de
goût. Avec Pas si grave, il se lance dans l’écriture
d’un scénario original. Sa manière délicate de cerner les personnages,
sa remarquable exploration des sentiments et son sens de l’humour
et des dialogues font merveille et permettent de mettre en relief
un talent déjà remarqué dans les films précédents. Il exploite avec
un sens inné du rebondissement la piste principale, celle de la
dette des trois garçons face à leur père, en renversant la situation,
afin qu’elle finisse par devenir un cadeau. Leo, Romain Duris, Charlie,
Sami Bouajila et Max, Michel Portal, excellents dans des rôles taillés
sur mesure, évoluent dans un décor et une ambiance qui démontrent
la parfaite connaissance du réalisateur de l’art de vivre et de
l’histoire de l’Espagne. Il exploite avec art paysages superbes
et villes typiques, utilisant la dernière très belle corde de son
arc, celle de choisir sa musique. Aussi diverse que différente,
prenant aux tripes, elle s’adapte à la perfection aux situations,
jamais envahissante mais toujours présente, soulignant les moments
drôles comme les instants plus émouvants. Pas si grave, un
titre si léger pour une oeuvre bien plus profonde qu’elle le paraît.
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