LE PAPILLON

Article publié dans la Lettre n° 208


LE PAPILLON. Film français de Philippe Muyl avec Michel Serrault, Claire Bouanich (2002-couleurs-1h25).
Elle a huit ans. Tous les jours, à la sortie de l’école, elle attend, assise sur le banc le plus proche de la cabine téléphonique, un appel de sa maman et l’annonce maintes fois rêvée qu’elles passeront enfin un moment rien que toutes les deux. Espoir toujours déçu, puisqu’elle erre chaque jour dehors, dans un café ou dans l’escalier de l’immeuble, dans l’attente d’un retour qui vient toujours trop tard. Elle et sa mère viennent d’emménager juste au-dessus de l’appartement d’un horloger à la retraite, collectionneur de papillons, bourru et distrait, qui n’a aucune envie de se charger d’une fillette, même si celle-ci l’a suffisamment ému pour lui faire découvrir son antre, véritable caverne d’Ali Baba pour la petite fille, qui ne connaît que Paris et les internats de la D.D.A.S.S. Alors, lorsqu’il décide de partir, pour une raison connue de lui seul, une dizaine de jours pour la montagne à la recherche d’un Isabelle, papillon très rare qui ne vit que trois jours et trois nuits, elle se cache dans la voiture et ne montre le bout de son nez que lorsqu’il sera trop tard pour rebrousser chemin. C’est ainsi que faisant contre mauvaise fortune bon coeur, Julien va prendre la main d’Elsa dans la sienne et lui faire découvrir la lune, les étoiles, l’herbe et la vie qui y fourmille, les montagnes et les vaches. Chemin faisant et non sans heurts, le vieil homme et l’enfant vont trouver ensemble la complicité, la confiance, la tendresse, lui avec ses mots et ses expressions d’adulte, elle avec ses mots d’enfant. Avec Julien, Elsa va apprendre tout ce qu’une petite fille de son âge devrait savoir et qu’elle ne connaît pas. Avec Elsa, Julien va retrouver le goût de vivre après le drame qui a fermé son coeur. Philippe Muyl réalise avec ce film un travail magnifique non seulement du point de vue esthétique - ses prises de vue sont à couper le souffle - mais aussi sur l’histoire simple de ce vieil homme et de cette enfant et sur le travail du langage et de l’expression des sentiments. Il faut dire qu’il est admirablement compris par Michel Serrault, aussi extraordinaire que Michel Simon autrefois dans un rôle si proche, et par Claire Bouanich, bout de chou au naturel et à la spontanéité stupéfiants. Un film éblouissant par la profondeur du message qu’il contient que tous les parents et grands-parents devraient aller voir. Nombreuses salles dont UGC George V 8e (08.92.70.00.00).


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