LE
PIANISTE
Article
publié dans la Lettre n° 204
LE PIANISTE.
Film franco-polonais de Roman Polanski avec Adrien Brody, Emilia
Fox, Frank Finlay, Ed Stoppard,Thomas Kretschmann, Maureen Lipman
(2002-couleurs-2h30).
Fils d’une famille juive de quatre enfants, Wladyslaw Szpilman est
un pianiste de tout premier ordre, spécialiste de Chopin. En 1939,
à vingt-huit ans, alors qu’il joue le Nocturne au studio
de la radio de Varsovie, il ne fait aucun doute qu’une magnifique
carrière s’ouvre devant lui. Mais en envahissant la Pologne, l’Allemagne
va détruire tous ses espoirs. Après les premières vexations, port
de l’étoile juive, interdiction d’accès dans les lieux publics,
interdiction d’exercer, lui et son peuple sont conduits dans un
quartier de la ville qui sera entouré de murs infranchissables et
désigné comme le Ghetto de Varsovie, tragiquement célèbre.
Entassée à plus de 500.000, une mort atroce et lente va avoir raison
d’une partie de la population, le reste étant embarqué dans des
wagons à bestiaux vers les camps d’extermination. Echappant miraculeusement
à ce sort, Wladyslaw va assister impuissant au départ des siens.
Durant toute la guerre, avec la complicité de quelques compatriotes,
il parviendra à se cacher jusqu’à la libération de la ville par
les russes, mû par un désir de survivre et un instinct de conservation
à toute épreuve, spectre hirsute trouvant encore la force de jouer
pour l’officier allemand qui le découvre et qui va l’aider avant
sa propre déroute. Errant seul dans les ruines fumantes de Varsovie,
il sera une dernière fois sauvé de la mort.
Après la guerre, Wladyslaw Szpilman reprendra le cours de sa vie
interrompue, à Varsovie, en retravaillant à la radio, ce qui permet
à Roman Polanski de boucler la boucle de son film par le même Nocturne.
Le pianiste s’est éteint il y a deux ans, non sans avoir laissé
le livre de sa vie, écrit en 1946.
S’inspirant de ces mémoires et de la propre expérience qu’il a lui-même
vécue dans le Ghetto de Cracovie qu’il a fui seul avec un enfant
de trois ans, Roman Polanski s’est tourné vers cette période de
son enfance qu’il avait jusqu’à ce jour occultée. Il est retourné
là-bas pour se souvenir, pour raconter l’histoire du pianiste mais
aussi la sienne à travers lui, filmant dans un quartier de la rive
droite miraculeusement épargné au lendemain de la guerre, avec 1200
figurants, également désireux de remettre en lumière une part de
leur histoire, le reste de la très belle reconstitution d’époque
se faisant dans les studios de Babelsberg à Berlin. Son film d’un
académisme surprenant, lorsque l’on connaît le style du réalisateur,
n’échappe ni à la caricature ni à la grandiloquence, malgré l’interprétation
magistrale d’Adrien Brody. Avant lui, maints réalisateurs se sont
penchés sur cette période inimaginable de l’holocauste des juifs
avec sans doute davantage de subtilité. Ayant reçu la Palme d’or
à Cannes cette année pour cette oeuvre, Cette récompense doit davantage
être considérée comme celle de toute une carrière plutôt qu’à la
réussite de ce film (Lettre 204). Lien: www.lepianiste-lefilm.com
Retour
à l'index des films
Nota:
pour revenir à « Spectacles Sélection »
il suffit de fermer cette fenêtre ou de la mettre en réduction
|