OLD BOY

Article publié dans la Lettre n° 232


OLD BOY. Film coréen de Park Chan-wook avec Choi Min-sik, Yoo Ji-tae, Gang Hye-jung (2004-couleurs-2h00).
Après le meurtre de sa femme dont il a été accusé, Oh Dae soo a disparu. Durant quinze ans, il a été enfermé dans une pièce glauque, n’ayant aucun autre contact avec l’extérieur qu’une télévision. S’il a pu suivre les événements du monde, il n’a reçu aucune réponse à sa question posée maintes fois au geôlier qui lui passe ses repas par une trappe: « Pour quelle raison l’a-t-on séquestré? » Quinze ans plus tard, il se retrouve allongé sur le toit d’un immeuble, habillé d’un beau costume, et muni pour tout viatique d’un téléphone portable et d’un portefeuille bien garni. Ses pas incertains le conduisent dans un restaurant de sushis où il fait très vite connaissance de Mido, la jeune serveuse. Malgré la différence d’âge, celle-ci s’attache à cet homme étrange qui lui raconte une histoire qui l’est encore davantage. Oh Dae soo n’a de cesse que de retrouver pour se venger celui qui lui a volé tant d’années de sa vie et une partie de sa mémoire. « Ris, tout le monde rira avec toi; pleure, tu sera le seul à pleurer ». Cette maxime longuement mûrie durant sa captivité, il va maintenant en éprouver tout le sens dans la solitude de la capitale coréenne. Lee Woo jim, son bourreau, lui jette en pâture quelques indices. Une vengeance est souvent la conséquence d'une autre.
Le grand prix remporté au Festival de Cannes est certainement justifié tant le scénario, adapté d’un manga japonais, la mise en scène, le cadrage et l’interprétation magistrale tendent vers la perfection. Cette histoire d’amour contrarié ne laisse pourtant d’horrifier par sa violence et sa barbarie. L’influence de Stanley Kubrick se fait parfois sentir. A l’instar de Orange mécanique, la musique est un personnage à part entière. Présente lorsqu’elle est nécessaire, elle souligne ou anticipe avec art les moments clés. La conduite de son scénario donne à penser que Park Chan-woo n’a aucune limite et qu’il peut tout se permettre jusqu’au bout de l’horreur ou du dégoût. Arracher les dents avec un marteau, se mutiler la langue, avaler un poulpe vivant n’ont plus de secret pour le spectateur tétanisé. Bien que d’inspiration japonaise, on retrouve dans Old Boy le même mal de vivre que dans les autres oeuvres coréennes, une solitude extrême dans un cadre sordide où évoluent des personnages mus par leur seul instinct. L’interprétation de Choi Min-sik, dont le talent nous avait déjà éblouis dans Ivre de femmes et de peinture, force l’admiration. Lien: http://www.bacfilms.com/site/oldboy/


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