NOBODY
KNOWS
Article
publié dans la Lettre n° 234
NOBODY KNOWS. Film japonais de Kore-Eda
Hirokazu avec YuyaYagira Ayu Kitaura, Hiei Kimura, Momoko Shimizu,
Hanae Kan, You (2004-couleurs- 2h20).
Dans un quartier populaire de Tokyo, Keiko s’installe dans un deux
pièces qu’elle vient de louer. Elle sonne chez son propriétaire
et lui présente Akira,« son fils unique » de douze ans. Puis de
retour dans l’appartement, mère et fils s’empressent d’ouvrir deux
valises d’où ils libèrent deux jeunes enfants, Shigeru et sa petite
soeur Yuki. Le soir, Akira se rend à la gare et récupère sa soeur
Kyoko. Officiellement le père voyage. En réalité, Keiko élève seule
ses quatre enfants nés de pères différents. Les premiers jours,
elle s’absente pour aller travailler. Elle interdit aux trois enfants
clandestins de sortir ou de se montrer au balcon et leur recommande
d’être silencieux. Personne ne doit soupçonner leur présence. Seul
Akira sort pour faire les courses. Aucun n’est scolarisé. Un matin,
elle leur annonce son départ pour quelque temps. Un mois plus tard,
elle revient, reste quelques jours, puis annonce un nouveau départ,
promettant d’être de retour pour Noël. Elle ne reviendra pas.
Abandonnés à leur triste sort avec un peu d’argent, les quatre enfants
vont tenter de survivre, grâce à la débrouillardise de l’aîné. Mais
bientôt, l’argent manque. Akira rend alors visite à son père et
au père de Kyoko mais ceux-ci l’éconduisent avec quelques billets
et l’ordre de ne jamais revenir. La situation devient critique lorsque
l’électricité et l’eau sont coupées. Akira décide alors de sortir
avec ses frère et soeurs afin qu’ils puissent se laver à la fontaine
publique et laver leur linge. Personne ne semble remarquer ces petits
vagabonds dépenaillés, sauf une jeune collégienne qui appartient
à une classe sociale plus favorisée mais semble aussi livrée à elle-même
qu’eux. Dehors la vie continue, indifférente: personne ne sait.
Kore-Eda Hirokazu s’est inspiré d’un fait divers survenu au Japon
en 1988. La sobriété avec laquelle il raconte cette histoire la
rend plus tragique encore. Il a placé sa caméra dans cet appartement
et jette un regard simple sans apprêt sur les quatre petits interprètes
qui se sont prêtés au jeu au fil des saisons, filmant de façon chronologique
afin de les voir grandir et se développer mentalement. On reste
surpris par le naturel des quatre petits comédiens, par la justesse
de leur interprétation et la subtilité de leurs expressions. Yuya
Yagira, pour le rôle d'Akira, a d’ailleurs reçu le prix d’interprétation
masculine au dernier Festival de Cannes. Kore-Eda Hirokazu se défend
d’avoir voulu juger le comportement immature d’une mère ou l’indifférence
de la société. Il lève pourtant le voile sur un problème qui s’est
aggravé depuis 1988 et pas seulement au Japon. L’abandon d’enfants
par leurs parents, toutes classes sociales et pays confondus.
Lien: http://www.arpselection.com/
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