NO
MAN'S LAND
Article
publié dans la Lettre n° 190
NO
MAN’S LAND. Film franco-bosniaque
de Danis Tanovic avec Branko Djuric, René Bitorajac, Georges Siatidis,
Filip Sovagovic, Katrin Cartlige (2001-couleurs-1h40).
1993, la guerre fait rage en Bosnie. Face à face, deux camps. L’un
serbe, l’autre bosniaque. Au milieu, une tranchée creusée dans un
no man’s land. C’est la nuit. Un brouillard à couper au couteau
empêche un petit groupe de civils, devenus soldats malgré eux, de
relever les leurs. Il faut attendre le lever du jour. A l’aube,
Ciki, Ceréa et leurs copains s’aperçoivent qu’ils se trouvent entre
les deux lignes du front, à la portée des fusils serbes. La fuite
générale se solde par un carnage. Ciki n’est que blessé, Ceréa étendu
sans vie à ses côtés, de même que tous les autres. Caché dans la
tranchée, il réfléchit à sa situation mais du côté serbe, le chef
décide d’envoyer deux volontaires pour rendre compte de la situation.
Les deux hommes s’exécutent mais une fois sur les lieux, c’est l’affrontement.
Nino, le serbe et Ciki le bosniaque se retrouvent face à face. Après
une ou deux tentatives pour avoir raison l’un de l’autre, ils s’épient,
fusil à l’épaule. C’est alors que Ceréa sort du coma. Mais avant
de se faire tuer par Ciki, le second volontaire serbe avait placé
une mine bondissante sous son corps apparemment inerte. Comment
le bouger sans tout faire exploser? C’est le problème épineux que
va devoir résoudre les casques bleus de la Forpronu (les Schtroumpfs
comme les ont surnommés les bosniaques). Le sergent français Marchand
arrive sur les lieux, très vite rappelé par son supérieur le capitaine
Dubois, agissant lui-même sur l’ordre de Soft, le général anglais.
Mais la presse, qui a intercepté ordre et contre-ordre, arrive sur
les lieux...
Prix de la mise en scène à Cannes, ce premier long métrage du bosniaque
Danis Tanovic aurait mérité mieux. En l’espace d’une seule journée,
en une extraordinaire synthèse, il embrasse toute l’absurdité de
cette guerre à travers les protagonistes qui y ont joué un rôle.
De minute en minute, l’humour caustique des premières scènes s’amplifie
jusqu’à la dérision pour s’achever dans la tragédie. Tout est dit
d’un jet de plume. Portrait surréaliste d’hommes ennemis que si
peu de choses sépare, des enjeux diplomatiques qui rendent toute
action impossible, du rôle des médias, prêts à tout pour un scoop.
L’ironie qui survole l’anecdote rend la chute encore plus tragique.
Les acteurs sont d’un naturel étonnant, ils frôleraient presque
parfois la caricature si la triste réalité n’était pas si criante.
L’expression d’impuissance dans le regard de Dubois reflète à elle
seule le non- sens de cette guerre. La dernière prise de vue est
quant à elle le coup de maître inoubliable d’un cinéaste hors du
commun. Lien:
www.cannes-fest.com/2001/film_nomansland.htm.
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