NEVERLAND
Article
publié dans la Lettre n° 239
NEVERLAND. Film américain de Marc Forster
avec Johnny Depp, Kate Winslet, Julie Christie, Freddie Highmore,
Dustin Hoffman, Radha Mitchell (2004-couleurs-1h40).
A Londres en 1903, l’auteur dramatique James Barrie assiste à la
première de sa dernière oeuvre. Son inquiétude est, avec raison,
à la mesure de celle de sa femme, l’actrice Mary Ansell et de son
producteur Charles Frohman: mal accueillie par la critique et la
bonne société, la pièce est un four. Cet échec n’empêche pas l’auteur
de se remettre au travail, même si sa femme lui reproche ses journées
passées au parc plutôt que devant son bureau ainsi que son indifférence
à son égard, sentiments qui la conduiront au divorce. Kensington
Garden est pourtant pour James source d’inspiration. Il y rencontre
Sylvia Llewelyn Davies, une jeune veuve, affligée de quatre fils.
L’un d’eux, Peter, attire l'attention de James. Il aimerait rendre
à cet enfant la part d’enfance qui s’est envolée de son cœur à la
mort de son père. De jour en jour, l’amitié qu’il porte à cette
famille amputée de l’amour d’un mari et d’un père, prend de telles
proportions qu’il finit par passer le plus clair de son temps en
leur compagnie. Le charme de la mère opère, mais c’est l’intelligence
et l’imagination des enfants qui le séduisent. Il retrouve avec
eux sa propre enfance, ce Neverland ou Pays de nulle part où il
s’était lui-même réfugié après le décès de son frère, disparition
qui avait brisé sa mère. Installé dans le cocon de l’imaginaire,
il avait refusé de grandir. Les jeux, l’imagination des enfants
et ce qu’ils ont souffert vont lui inspirer Peter Pan.
A l’instar de ce que Tim Burton a créé avec son film Big Fish
(Lettre 226), Marc Forster imagine cette jolie fable
à partir d’une histoire vraie, certes assez mélodramatique, mais
porteuse de sentiments sincères et véritables. Si la réussite du
film est due à sa manière féerique de conter les événements, elle
le doit aussi au talent de ses interprètes. Charmante Kate Winslet,
dans le rôle de Sylvia, responsable Julie Christie dans celui de
sa mère, sympathique Dustin Hoffman, producteur compréhensif, dont
le choix n’est peut-être pas anodin, si l’on se souvient de son
irrésistible interprétation du Capitaine Crochet dans Hook
de Spielberg. Deux comédiens se détachent pourtant du lot. Johnny
Depp, très british pour la circonstance, prête à James Barrie son
charme indéniable et le jeune Freddie Highmore, est d'une impressionnante
spontanéité dans le rôle de Peter. Un film sur l’importance de l’imagination,
sur la capacité de rêver, destiné à tous ceux qui ont su garder
une part d’enfance et de rêve. A Peter, inconsolable après la disparition
de sa mère, les derniers mots prononcés par James ne sont-ils pas:
« Elle est sur chaque page de ton imagination ». Lien: www.tfmdistribution.fr/neverland
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