MONSIEUR SCHMIDT

Article publié dans la Lettre n° 212


MONSIEUR SCHMIDT. Film américain d’Alexander Payne avec Jack Nicholson, Hope Davis, Dermot Mulroney, Kathy Bates (2002-couleurs-2h05).
Warren Schmidt fête son départ à la retraite. « Fêter » est un bien grand mot. Cadre dans une compagnie d’assurances, il a du mal à accepter de ne plus être utile. Le jeune loup qui lui succède le lui fait assez vite comprendre. Désormais son horizon se limite à son petit pavillon et à sa femme Helen, aux côtés de laquelle il vit depuis plus de quarante ans et dont il ne connaît ni les pensées ni les aspirations. Leur fille Jenny vit maritalement dans un autre état. Malgré les réticences de Warren, elle prépare activement son mariage. La lettre d’une association le sollicite pour parrainer un enfant africain. Il remplit le formulaire, l’accompagne d’un chèque et d’une petite lettre pour l’enfant comme on le lui conseille. Il ignore que ce petit mot est le premier d’une longue correspondance. Le décès imprévisible de sa femme va bouleverser sa petite vie. Il se rend compte trop tard la place qu’occupait Helen dans son existence. Sa solitude va devenir insupportable et son désir de vivre s’amenuiser. Il reprend alors le stylo et écrit à l’enfant africain à qui il se confie comme à un journal intime.
Ce film très simple rend parfaitement compte de cette triste période que représente la retraite lorsqu’elle n’a pas été préparée. Pour un homme plus que pour une femme, le désoeuvrement soudain est bien supérieur. Warren s’aperçoit, qu’occupé durant toute sa vie par son travail, ses amis et ses distractions personnelles, il ne s’est guère penché sur les siens et que ceux-ci, après maints appels d’affection restés vains, se sont éloignés. Le scénario très efficace décrit non seulement le désespoir progressif d’un homme mais aussi l’indifférence et le caractère superficiel de ceux qui l’entourent. La peinture d’une certaine société américaine et de son autosatisfaction, malgré sa médiocrité, est aussi bien rendue. Jacques Nicholson prête sa silhouette massive et son regard perdu à Warren. Son jeu sobre, assez inhabituel chez le comédien, convient tout à fait à son rôle. Lien: www.metrofilms.com/mrschmidt/


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