MONSIEUR N

Article publié dans la Lettre n° 211


MONSIEUR N. Film français d’Antoine de Caunes avec Philippe Torreton, Richard A. Grant, Roschdy Zem, Elsa Zylberstein, Stéphane Freiss, Bruno Putzulu, Siobhan Hewlett, Jay Rodan (2002-couleurs-2h00).
En juin 1815, Napoléon est déporté sur l’île de Sainte-Hélène, sous la bonne garde de la perfide Albion. Les dernières années de sa vie à Longwood, à la merci d’Hudson Lowe, le nouveau gouverneur, seront si pénibles qu’elles précipiteront sans doute une mort souhaitée par l’Angleterre à qui l’entretien d’un tel prisonnier coûtait fort cher, mais aussi par ses proches, persuadés d’être couchés sur le testament et pressés d’en recueillir les fruits. Basil Heathcote, un jeune lieutenant anglais chargé de sa surveillance rapprochée, raconte dans un ouvrage les derniers mois passés auprès de l’empereur déchu, jusqu’à sa démission en 1819 et l’enquête qu’il a menée en 1840, lors du rapatriement du corps de Napoléon aux Invalides. Hudson Lowe va s’employer à rendre à ce dernier la vie impossible. Il est pourtant entouré de fidèles qui l’ont suivi dans son exil, Cipriani, l’ami de toujours, Ali, son fidèle serviteur, le maréchal Bertrand, le général Gougaud, que Napoléon écartera de façon inexplicable, le général Montholon et sa femme Albine, dont l’empereur a fait sa maîtresse, et la tendre complicité de la jeune Betsie Balcombe qui va éclairer ses derniers mois d’un amour inconditionnel avant que son père ne soit chassé par Lowe à la suite de la tentative d’enlèvement de Napoléon en 1819. A partir de cette date, personne hormis les plus intimes, ne passera le seuil de ses appartements et ne le reverra de près. L'illusion du secret enflammera les esprits et les thèses les plus farfelues verront le jour comme celle de Heathcote exposée par le film: et si le corps déposé aux Invalides n’était autre que celui de Cipriani, officiellement décédé en 1818, mais dont la tombe est restée vide et l’attestation de décès absente des registres?
« L’histoire est un mensonge que personne ne conteste ». Antoine de Caunes reprend cette maxime de l’empereur pour étayer sa démonstration. On s’y laisse prendre malgré tout peut-être parce que cette théorie a un parfum de mystère qui convient bien à notre soif de merveilleux et aussi parce que le réalisateur réussit là un très joli film. On est séduit par la reconstitution d’époque très soignée où chaque détail est étudié, par les paysages torturés, les appartements humides du prisonnier, les fêtes où règne l’hypocrisie, la très belle scène du retour des cendres aux Invalides un 15 décembre 1840 enneigé. Les comédiens sont excellents. Philippe Torreton dans le rôle titre, sur lequel bien des comédiens se sont brisés les dents, campe de façon impressionnante un Napoléon qui fera date. Lien: www.marsfilms.com/monsieurn/


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