MASTER AND COMMANDER
De l'autre coté du monde

Article publié dans la Lettre n° 223


MASTER AND COMMANDER. De l’autre côté du monde. Film américain de Peter Weir avec Russell Crowe, Paul Bettany, James d’Arcy (2003-couleurs-2h15).
Avril 1805, le petit corse règne sur l’Europe et menace la perfide Albion. Les anglais, dans la crainte d’une invasion, surveillent toute velléité guerrière de la France, sillonnant inlassablement ses côtes et l’océan. La suprématie maritime du royaume est souvent mise à mal par les navires battant pavillon français. Depuis quelque temps, une frégate étonnamment puissante, commandée par un corsaire français, écume les mers, attaquant avec succès et sans distinction bateaux marchands et de guerre. A bord du Syren, le Capitaine Aubrey, agacé par l’aplomb et la virtuosité de cet ennemi fantôme, brûle d’en découdre. Echappant de justesse à une attaque par surprise de cet étrange galion, il est piqué au vif et jure qu’il en aura raison. La poursuite du navire va conduire le capitaine et ses hommes à prendre tous les risques et à braver tous les dangers, la colère du Cap Horn en particulier.
S’inspirant des récits d’une vingtaine de romans, dont deux de Patrick O’Brian, Peter Weir déploie son immense talent avec ce film à grand spectacle, faisant de l’ombre aux meilleurs classiques du genre. Il crée avec un formidable réalisme la fresque d’une époque où la suprématie des mers était inconditionnelle. Outre le contexte politique et historique intelligemment abordé, il relate, grâce à une reconstitution d’époque aussi magnifique que précise, la vie à bord de ces vaisseaux, les rapports complexes entre les hommes qui y cohabitaient, l’importance du capitaine, tant du point de vue humain que professionnel. Cet homme clé, réputé chanceux, doit assurer la sauvegarde de son bâtiment et de ses hommes en mesurant les risques en fin stratège mais doit aussi savoir commander son équipe avec équité. Peter Weir met en relief le courage, l’héroïsme mais aussi la superstition et les ravages qu’elle peut causer sur le moral et l’esprit simple des marins. Russell Crowe se montre très convaincant dans le rôle du capitaine, Paul Bettany lui donne brillamment la réplique dans le rôle passionnant du médecin, naturaliste à ses heures.
On embarque avec un plaisir de gamin sur ce navire frété par le réalisateur, prenant part aux multiples péripéties qui secouent le navire anglais et ses hommes aux prises avec l’ennemi français retors et malin jusqu’au bout, on salue les superbes prises de vue de la mer déchaînée et des combats, on retrouve enfin les mêmes émotions d’antan lorsque les écrans n’étaient pas encore encombrés de longs métrages pleins de bruits et de fureur mais sans âme. Lien: www.masterandcommanderthefarsideoftheworld.com.


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