MARIA
PLEINE DE GRACE
Article
publié dans la Lettre n° 236
MARIA PLEINE DE GRACE. Film américain de
Joshua Marston avec Catalina Sandino Moreno, Yenny Paola Vega, Wilson
Guerrero, Johanna Andrea Mora (2004-couleurs-1h40).
María fait partie de ces centaines de milliers de jeunes colombiennes
qui s’échinent chaque jour à travailler pour un salaire de misère
afin d’apporter à la maison le minimum vital. Comme son amie Blanca,
ses rêves, elle les a enfouis au fond d’elle-même, incertains, tout
comme son avenir. Enceinte de deux mois d’un copain dont elle refuse
d’être la femme, María a la ferme intention de sortir de sa pauvreté.
Elle démissionne de son emploi à la fabrique où elle conditionne
des roses pour l’exportation et décide d’aller tenter sa chance
à Bogotá. Sur la route, elle rencontre Franklin, dont elle a fait
la connaissance lors d’une fête. Il la présente à un narcotrafiquant
qui lui propose pour une somme attractive de faire « la mule »,
c’est à dire de passer à New-York des capsules de drogue cachées
dans son estomac. Les risques, se faire prendre à l’arrivée ou l’ouverture
d’une capsule, mort certaine, elle les mesure mais les accepte.
Elle fait la connaissance de Lucy qui a déjà fait deux voyages et
lui donne quelques conseils et retrouve Blanca qui lui annonce qu’elle
aussi a accepté la proposition. Elles sont sans le savoir embarquées
dans le même avion, l’estomac bourré de capsules. Ce vol et l’arrivée
sont pour toutes les trois l'antichambre de l'enfer. Tout se complique
alors pour María, prise dans un engrenage qu’il va lui falloir maîtriser.
Le scénario de ce premier long métrage de Joshua Marston, récompensé
au Festival de Berlin tout comme l’actrice principale, repose entièrement
sur le personnage de María. Catalina Sandino Moreno, dont c’est
le premier rôle à l’écran, lui prête ses dix-sept ans et son visage
de madone au regard sombre mais déterminé. Elle incarne avec un
naturel désarmant cette jeune fille pleine de contradictions: une
volonté inattaquable, mêlée à la naïveté et à la fragilité que lui
confère son jeune âge. Le réalisateur n’a pas recours aux artifices
habituels qui accompagnent l’action. C’est María qui lui permet
de faire monter graduellement le suspense qui culmine dans deux
scènes glaçantes: celle où sous le regard du narcotrafiquant et
d’un médecin, elle avale l’une après l’autre la cinquantaine de
capsules puis celle de l’avion, où toutes les trois ne sont pas
sensées se connaître. Leur regard et leur ballet muet entre leur
siège et les toilettes, valent tous les dialogues. La police aérienne
américaine fait état d’une vingtaine de « mules » arrêtées chaque
jour dans les aéroports new-yorkais. Avec ce film, Joshua Marston
passe avec une dramatique maestria de la fiction à la réalité.
Lien: http://www.mariafullofgrace.com/main.html
Retour
à l'index des films
Nota:
pour revenir à « Spectacles Sélection »
il suffit de fermer cette fenêtre ou de la mettre en réduction
|