LITTLE
SENEGAL
Article
publié dans la Lettre n° 186
LITTLE SENEGAL.
Film français de Rachid Bouchareb avec Sotigui Kouyaté, Sharon Hope,
Roschdy Zem, Karim Koussein Traoré (couleurs-2000-1h40).
Au large du Sénégal, l’île de Gorée reste attachée à une époque
dramatique, celle du trafic des esclaves. Allaine Djiré y fait visiter
la forteresse où l’on enfermait les captifs avant de les entasser
dans le King of Salomon, navire qui larguait alors les amarres
pour l’Amérique, pour un voyage dont aucun ne revenait. Chaque jour,
il arrête ses visiteurs devant « la porte du voyage sans retour
» que franchissaient hommes, femmes et enfants et d’où ils pouvaient
embrasser et humer une dernière fois, de tous leurs sens, la mer,
le soleil, la chaleur et les odeurs, avant de disparaître dans les
cales. Une nuit, Allaine Djiré a rêvé que son grand-père lui demandait
d’aller à la recherche de ses ancêtres partis de l’autre côté de
l’Atlantique. Il ne s’est pas posé de questions. Un mince cartable
à la main, il a pris lui aussi le bateau. Dès son arrivée en Caroline
du Nord, il a entrepris ses recherches, conduit avec méthode ses
investigations, posant dans un anglais poli, des questions sur le
premier couple et son enfant de sa famille qui avaient dû arriver
là en septembre 1805. Vendus à la famille Robinson, on leur avait
attribué son nom. De plantation en plantation, Allaine va suivre
la filière et son cartable va se gonfler peu à peu d’informations
qui deviendront des certitudes et des preuves. A New-York, il a
un neveu qu’il a prévenu de son arrivée. C’est là qu’il trouvera
le dernier maillon manquant à la chaîne de ses ancêtres, l’ultime
descendant.
Little Senegal est le nom du quartier de Harlem occupé par
les immigrés africains où Rachid Bouchareb a passé plusieurs mois
pour écrire son scénario. Plus qu’un récit, son film est une véritable
enquête sur 200 ans d’esclavage, deux cents années du destin de
millions d’êtres condamnés. Mais c’est aussi une vision de l’immigration
actuelle, celle des africains d’aujourd’hui, rejetés par les noirs
américains. Sotigui Kouyaté incarne Allaine avec une dignité et
un naturel admirables. Dans son regard magnétique passe toute la
mémoire d’un peuple et l’on sent que le réalisateur et son comédien
se sont entendus, non pour juger mais pour témoigner. Lien:
www.littlesenegal.com/fr/films/little_senegal/index.html
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