LA - HAUT
Un roi au dessus des nuages

Article publié dans la Lettre n° 229


LA-HAUT. Un roi au-dessus des nuages. Film français de Pierre Schoendoerffer avec Bruno Cremer, Claude Rich, Jacques Perrin, Florence Darel (2003-couleurs-1h40).
Parti avec son équipe tourner un film sur les Hmongs, en Thaïlande, le réalisateur Henri Lanvern (Jacques Perrin) quitte le tournage pour trois jours sans donner d’explications. Enlevé ou arrêté pour espionnage, il s’est évanoui dans la nature, laissant un producteur furieux et aux abois, ne comprenant rien à cette disparition. Le rédacteur en chef du Figaro (Claude Rich) se pose également la question et devant l’insistance d’une jeune journaliste (Florence Darel) de procéder à une enquête, il la laisse faire lui donnant tout un dossier afin de lui faciliter la tâche. Un curieux homme que ce rédacteur, régulièrement pris par des attaques subites de paludisme, et qui a fait l’Indochine, comme le réalisateur. La journaliste se rend au siège du Sdece, le service des renseignements français. Elle est reçue par le Colonel Dubaye (Bruno Cremer) qui semble avoir bien connu Lanvern et qui répond avec prudence et parcimonie à ses questions. Bientôt, un nom, Cao Ba Ky, revient au premier plan. Pour comprendre la disparition de Lanvern, il faut revenir vingt-cinq ans en arrière, en pleine guerre d’Indochine. Tout comme Dubaye et le rédacteur du Figaro, Lanvern a fait cette guerre. Cao Ba Ky était alors son capitaine et son ami. Ce dernier, aujourd’hui prisonnier au Laos, vient de s’évader. Son ancien camarade, connaissant le terrain, est parti le récupérer.
Si l’enquête de la journaliste représente la trame policière du film de Schoendoerffer, la guerre d’Indochine en est le coeur. La grande réussite du scénario est de l'avoir entrecoupé de documents d’époque sur ce conflit où la France n’a cessé d’être diabolisée mais aussi d’avoir eu l’idée géniale de reprendre certaines scènes de ses anciens films sur le sujet où jouaient déjà les même acteurs. Voir Bruno Cremer, Claude Rich et Jacques Perrin dans toute leur jeunesse, combattant en treillis à Diên Biên Phu, donne une connotation très émouvante à l'histoire. Replacée dans son contexte, leur jeunesse dénonce d’autant mieux le martyre de ces soldats, victimes peu après la seconde guerre mondiale d’un autre conflit qui n’était pas le leur, et pour qui la chute de Saigon a été l’hallali. Elle démontre aussi que pour ces trois compagnons de guerre d’autrefois, l’honneur, la fidélité, le sens du devoir ont encore un sens. Pour Pierre Schoendoerffer aussi.


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