L'HOMME
DU TRAIN
Article
publié dans la Lettre n° 204
L’HOMME
DU TRAIN. Film français
de Patrice Leconte avec Johnny Hallyday, Jean Rochefort, Charlie
Nelson, Jean-François Stévenin, Pascal Parmentier (2002-couleurs-1h30).
Curieux film que ce dernier cru de Patrice Leconte. Le scénario
tient à un fil ténu, une rencontre banale à la sortie d'une pharmacie:
« Merde, dit l’un, il m’a refilé de l’aspirine effervescente ».
« Ah!, vous avez besoin d’un verre d’eau», réplique l’autre qui
a entendu l’aparté. A quoi tient la naissance d’une amitié? A un
verre d’eau et à la fermeture annuelle de l’unique hôtel du coin!
Une amitié de trois jours, en attendant le casse du samedi à la
banque, qu’est venu préparer l’homme du train et à la migraine,
dont on ne connaîtra le nom que si l’on a la curiosité de lire le
générique de fin. Durant ces trois jours, il va trouver gîte et
couvert chez Monsieur Manesquier, professeur de français à la retraite,
qui a le désagréable regret d’avoir raté sa vie, et que le projet
de ce nouvel ami émoustille. Braquer une banque, quel rêve! Il s’y
verrait bien s’il n’était obligé de subir une intervention chirurgicale
le samedi suivant, tiens, quelle coïncidence. Quant à son nouvel
ami, il rêve peut-être lui aussi de troquer son existence contre
celle de ce prof à la vie douillette dans cette maison vieillotte,
certes, mais remplie d’un passé qu’il n’a pas. Leur tête à tête
impromptu ne sera troublé que par l'arrivée de la soeur venue aider
son frère à préparer sa valise en vue de l'opération, à l’apparition
d’un soir d’une ancienne maîtresse et la venue d’un enfant pour
son cours de français.
Les prises de vue savantes et maniérées du réalisateur ne parviennent
pas tout à fait à masquer la vacuité d’un dialogue qui tient plus
du non dit qu’au dit. Un dialogue si creux que Claude Klotz, scénariste
et dialoguiste a truffé de phrases toutes faites et de maximes,
pour faire profond, du style: « La vengeance est la justice du malheur
» ou « L’éternité dure toujours jusqu’à samedi ». Les erreurs ne
manquent pas non plus, tellement criantes que l’on finit par se
demander si elles ne sont pas voulues: Monsieur Manesquier entrera
le samedi matin même en clinique pour être opéré deux heures plus
tard, le ventre plein d’un dernier petit déjeuner pris en compagnie
de son ami! A la boulangerie, il est conseillé de faire l’emplette
de deux fois une baguette plutôt que de deux baguettes d’un seul
coup. Financièrement on s’en sort mieux! Et pourtant le charme opère,
et l’on se prend au jeu de ces deux personnages oubliés par le bonheur,
indubitablement à cause des deux grands comédiens qui se promènent
dans ce film comme s’il s’agissait de leur propre vie. Jean Rochefort,
semblable à lui-même, parfait dans son rôle de prof atypique. Johnny
Hallyday, excellent, dans un rôle qui lui va comme un gant. Quel
dommage qu’il se fasse si rare au cinéma! Lien: www.1000films.com/train.
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