HOLY LOLA

Article publié dans la Lettre n° 235

HOLY LOLA. Film français de Bertrand Tavernier avec Jacques Gamblin, Isabelle Carré, Bruno Putzulu, Lara Guirao, Frédéric Pierrot (2004-couleurs-2h05).
Pierre et Géraldine ont laissé sur le répondeur téléphonique de leur maison un message d’absence de plusieurs mois. Ils sont partis pour le Cambodge dans l’espoir d’adopter un enfant. Fille ou garçon, qu’importe, seulement un petit à aimer. On les avaient prévenus que ce ne serait pas facile mais ils n’avaient pas imaginé à quel point ce désir d’adoption deviendrait un véritable parcours du combattant et combien il leur faudrait de courage pour ne pas abandonner leur projet. Il leur faut se battre contre les tracasseries, voire l’incompétence, de l’administration française, mais aussi, sur place, lutter contre l’inertie ambiante, se garder des trafiquants, des intermédiaires, éviter la tentation de donner des pots de vin afin de faire avancer leur dossier, savoir très vite ce qu’il ne faut pas faire pour ne pas perdre ses chances et ce qu’il faut faire pour gagner du temps. Il leur faut aussi garder l’espoir face à la concurrence des couples américains qui n’hésitent pas à payer n’importe quelle somme. Ils ne sont pas seuls. A Phnom Penh, dans le même hôtel, plusieurs couples de français attendent l’appel téléphonique qui leur annoncera le miracle. Les plus anciens donnent des conseils aux nouveaux. Tout le monde s’encourage, s’écoute, se dispute aussi, lorsque les nerfs lâchent. Pour Pierre et Géraldine, au bout de la route. Il y a Lola et pour l’emmener avec eux, ils sont prêts à tout.
Bertrand Tavernier est le cinéaste des sujets difficiles, ceux dont on préfère taire les problèmes. Ce fut L 626, sur le travail de la police, puis C’est arrivé aujourd’hui, sur celui des instituteurs. Il traite ce problème de l’adoption, comme une enquête, avec la même rigueur et la même minutie. S’il n’y avait la présence des deux merveilleux comédiens que sont Jacques Gamblin et Isabelle Carré, son film s’apparenterait à un véritable documentaire tant les chiffres avancés sont précis, les situations authentiques, car tirées de faits réels. Quant au pays lui-même, les images filmées, caméra à l’épaule, en disent long sur la somme de misère et de souffrance vécues. Lorsque Bertrand Tavernier s’attarde un moment sur les gens et leur histoire, le documentaire laisse alors la place au témoignage.
L’UNICEF vient de publier des chiffres éloquents: la moitié des enfants du monde souffrent des maux liés à la pauvreté, engendrés par la famine, les guerres, la prostitution, le sida et souvent, ils subissent les quatre en même temps... Lien: http://www.tfmdistribution.fr/holylola/

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