DECALAGE HORAIRE

Article publié dans la Lettre n° 206

DECALAGE HORAIRE. Film français de Danièle Thompson avec Juliette Binoche, Jean Reno, Sergi Lopez (2002-couleurs-1h30).
Rien, absolument rien, sauf la météo et une grève ne destinait Rose et Félix à se rencontrer dans une salle d’attente de l’aéroport de Roissy. Rien, si ce n’est le destin, cet étrange enchaînement de hasards qui, selon certains, fixerait inexorablement le cours de notre existence. Rose, esthéticienne parisienne, est en train de tirer un trait sur douze ans de sa vie. Elle s’apprête à quitter incognito, ou plutôt à fuir, un amant irascible et méprisant et une mère envahissante pour s’envoler vers Acapulco où on lui propose du travail pour quelques mois dans un hôtel de luxe. Ce départ bien que précipité lui permettra de faire le point car elle ne sait plus très bien où elle en est. Felix, quant à lui est en transit, attendant un vol sans cesse retardé pour Munich. En provenance des Etats-Unis où il a ouvert un restaurant français il y a plusieurs années, il s’est reconverti dans les plats surgelés pour la plus grande joie de son banquier. S’il avait quitté la France très jeune, incompris par son père, sa vie aux Etats-Unis ne le satisfait pas pour autant. Lui non plus ne va pas très fort. Il se rend à l’enterrement de la grand-mère de Nadia, sa petite amie qui vient de le quitter.
Un téléphone portable qui tombe dans la cuvette des toilettes va être le fameux doigt du destin: Notre esthéticienne a besoin du portable du grand escogriffe qu'elle aperçoit téléphone à l'oreille, pour prévenir sa meilleure amie de son départ. Vaille que vaille, entre l’aéroport et l’hôtel, Rose et Félix vont ébaucher un semblant de conversation, maintes fois interrompu par les aléas des lieux, puis finir par rapprocher leur solitude, se jauger, se disputer, se quitter puis réfléchir car ils savent que la vie est courte et difficile mais qu’elle offre parfois ce cadeau inéspéré, l'espoir d'un bonheur, justement provoqué par ce que l’on nomme le hasard.
Après le succès mérité de La Bûche, on attendait avec impatience le nouveau long métrage de Danièle Thompson. La symphonie familiale en pleine fête de Noël de La Buche se réduit ici au huis-clos d'un duo, mais la réalisatrice dépeint toujours avec autant d’humour et de tendresse les maux de ses contemporains. Son film doit beaucoup à l’excellente prestation de Juliette Binoche et de Jean Réno, mais la réussite d’un film ne tient-elle pas aussi à l’art de savoir choisir ses interprètes? Lien: www.decalagehoraire-lefilm.com/

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