DE
L’EAU TIEDE SOUS UN PONT ROUGE
Article
publié dans la Lettre n° 193
DE L’EAU TIEDE SOUS UN PONT ROUGE.
Film japonais de Shohei Imamura avec Misa Shimizu, Koji Yakusho,
Mitsuko Baisho (2001-couleurs-2h10).
Sur la couchette d’une péniche amarrée au quai de la Seine, Taro,
un vieux philosophe japonais, est retrouvé mort par deux de ses
amis. Ils se souviennent d’une histoire qu’il leur avait racontée.
Avant son départ du Japon, il avait caché un trésor dans une maison
nichée au bord d’un pont rouge. Ce secret, il le leur offre en héritage.
Yokuse, le plus jeune, au chômage et quitté par sa femme, décide
de se rendre sur les lieux indiqués par Taro afin de retrouver le
fameux trésor, s’il existe. Après quelques investigations, il découvre,
très ému, tels que Taro les lui avait décrits, le pont et la maison.
Un perroquet, et deux femmes vivent là. Pour survivre, la grand-mère
et Saeko, sa petite fille, fabriquent des moules à gâteau traditionnels.
Mais au-delà de cette façade, Yokuse va découvrir bien autre chose,
à commencer qu’un trésor n’est pas toujours ce que l’on croit.
Shohei Imamura a beau avoir 75 ans, il parvient toujours, film après
film, à étonner, voire à surprendre par la jeunesse de son esprit
novateur. Que d’imagination, que de poésie dans ce dernier scénario,
succession de scènes savoureuses aussi bien comiques que dramatiques
où pointe un brin de déraison, d’absurdité et d’irréalité. Comme
la plupart des cinéastes japonais, il mêle toujours cette dualité
qui fait l’originalité de ce peuple, la politesse la plus obséquieuse
suivie d’un violence verbale extrême, une sexualité exacerbée contrebalancée
par une grande pudeur, des scènes crues succédant à d’autres d’une
grande poésie. Ses multiples personnages, principaux ou secondaires,
sont merveilleusement dessinés et interprétés. Du trio des vieux
pêcheurs qui commentent avec humour les événements depuis la rive
du fleuve, à l’apparition régulière et surréaliste d’un marathonien
africain venu s’entraîner là, suivi à bicyclette par son coach vociférant,
de la grand-mère qui retranscrit des oracles, à sa petite fille
atteinte d’un mal bien étrange, le film est une surprise à chaque
instant, et remarquablement mis en valeur par les superbes paysages
du Japon. Lien: www.pyramidefilms.com/eautiede
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