LE CONVOYEUR

Article publié dans la Lettre n° 228


LE CONVOYEUR. Film français de Nicolas Boukhrief avec Albert Dupontel, Jean Dujardin, François Berléand, Claude Perron, Julien Boisselier (2003-couleurs-1h35).
Un matin brumeux de novembre, sur une route de campagne, un fourgon de la Vigilante opère un transport de fonds. Dans la cabine, l’humeur est morose, c’est la troisième fois que cette petite société, au bord du dépôt de bilan, se fait braquer. L’humour des trois convoyeurs tente d’apaiser l’inquiétude ambiante. Une BMW survient. Son conducteur, visiblement nerveux, se risque à doubler le véhicule, malgré l’étroitesse de la route. Les hommes de la Vigilante n’ont pas le temps d’alerter la base, leur camion explose. Dès le lendemain, Alexandre Demarre, un homme d’une quarantaine d’années, se présente au centre pour se faire embaucher. Le directeur l’engage, trop heureux de remplacer un employé. Ses collègues, sous le choc du dernier braquage qui a coûté la vie à trois des leurs, comprennent mal le souhait d’Alexandre d’intégrer la société en si mauvaise posture, mais l’accueille amicalement, Jacques surtout. L’homme, solitaire et taciturne, fait un effort pour donner le change et s’intégrer. Pourtant, si ses collègues prenaient le temps de l’observer, ils verraient dans son regard triste et fixe, une détermination certaine. Pourquoi Alexandre, qui n’a guère le profil d’un convoyeur, est-il venu échouer là? Il se dit sans attaches, a pris une chambre d’hôtel et a interdit qu’on y fasse le ménage. Le soir, il tient un fichier et fait un rapport sur la société et, malgré des crises d’épilepsie qui le laissent pantelant, il soigne sa forme avec une énergie qui pourrait être celle du désespoir. Jacques s’interroge tout de même sur le comportement de ce nouveau copain qui s’est ostensiblement détourné lorsqu’un « bourge » l’a reconnu et interpellé dans la rue. Pourquoi est-il venu risquer sa vie pour un salaire de misère? Est-ce une taupe, ou vient-il en reconnaissance pour la préparation d’un nouveau coup?
A l’aide d’un scénario d’une grande concision et d’une mise en scène épurée, le réalisateur répond à toutes ces questions, dévoilant peu à peu les motivations d’Alexandre et dressant au passage un portrait bienvenu et assez éloquent du métier de convoyeur. C’est en cela que réside la réussite de ce thriller psychologique aux multiples rebondissements, ce suspense savamment distillé, au coeur d’un monde que l’on connaît peu. Albert Dupontel prête avec assurance et bien du talent, sa présence et sa forte personnalité au personnage d’Alexandre, dont la vie a été interrompue d’un coup, brisée un beau matin sur une route de campagne, alors qu’il tentait de doubler un camion de la Vigilante. Lien : www.leconvoyeur-lefilm.com/


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