LA
CHAMBRE DES OFFICIERS
Article
publié dans la Lettre n° 190
LA
CHAMBRE DES OFFICIERS. Film
de François Dupeyron avec Eric Caravaca, Denis Podalydes, Grégori
Derangere, Sabine Azema, André Dussolier, Isabelle Renauld (2001-couleurs-2h15).
En 1914, Adrien Fournier, ingénieur des Arts et Métiers, part pour
le front, avec le grade d’officier dans le génie. Sur le quai, il
rencontre Clémence, venue accompagner son fiancé. Le temps d’une
courte nuit, il console la jeune femme esseulée, une seule nuit
dont le souvenir l’accompagnera longtemps. A l’Etat major, Adrien
exécute sa première mission à cheval avec deux hommes. Un éclat
d’obus, et, de ces soldats et chevaux couchés désarticulés, seul
Fournier reste en vie mais la gorge béante. Après plusieurs étapes
dans des hôpitaux de fortune, il est rapatrié au Val-de-Grâce.
« La guerre de 14, je ne l’ai pas connue », explique Adrien, en
contant son histoire. Dans La chambre des officiers, il va passer
1640 jours durant lesquels un chirurgien passionné par la nouvelle
pratique des greffes va tenter de lui refaçonner un visage, pendant
que lui va essayer de survivre. D’abord seul puis avec Pierre, Henri
et quelques autres, solidaires dans le même malheur, ils vont lutter
pour ne pas devenir des monstres comme le leur renvoie le regard
des autres, pour ne pas tomber dans la démence, en un mot, pour
avoir le droit de vivre. A leur chevet, Anaïs et Cécile, les infirmières
affectueuses et attentionnées, Marguerite, une jeune femme mutilée
comme eux, Alain le meilleur et fidèle ami d’Adrien, seront leur
bouée de sauvetage.
Cette histoire, Marc Dugain la possédait dans son coeur depuis l’âge
de quatre ans lorsqu’il rendit visite à son grand-père défiguré
lors de la guerre de 14. Il en a fait un roman. Grâce à une superbe
reconstitution d’époque, au décor et au maquillage impressionnants
de Patrick Durant et de Dominique Colladant, François Dupeyron met
en scène avec des prises de vue d’une grande originalité cette autre
facette de la grande guerre, celle de toutes ces gueules cassées
qui ont dû, après 1918, se reconstruire une autre vie. Il décrit
sans mélo ni mièvrerie le combat de ces hommes, fauchés dans leur
jeunesse, mais aussi celui inlassable des médecins et des infirmières.
Ce film n’est pas un film classique sur une sale guerre mais un
émouvant plaidoyer sur le courage de l’homme, sa faculté de rebondir
et également sur le droit à la différence, à une époque où seules
les apparences comptent. Comment peut-on retrouver la force de vivre
après un tel traumatisme? Eric Caravaca, André Dussolier, Sabine
Azema, Denis Podalydes et tous les comédiens répondent magnifiquement
à cette question. Lien: www.cannes-fest.com/2001/film_officiers.htm.
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