LE CERCLE

Article publié dans la Lettre n° 182

LE CERCLE. Film iranien de Jafar Panahi avec Fereshteh Sadr Orafai, Maryam Parvin Almani, Nargess Mamizadeh, Fatemeh Naghavi (2000-couleurs-1h30).
Au guichet du service maternité, une femme frappe fébrilement et demande si sa fille a accouché. L’infirmière lui répond qu’elle vient de mettre au monde une très jolie petite fille. C’est la panique. La belle famille et le mari désiraient un héritier, ils n’accepteront pas la naissance d’une fille. Elle s’enfuit pour ne pas avoir à les affronter. Dehors, elle croise trois jeunes filles qui tentent désespérément de téléphoner. Elles se cachent, esquivent les contrôles puis finissent par se séparer. On comprendra plus tard qu’elles viennent de s’échapper d’un centre de détention. L’une d’elle tentera sans succès de gagner la province en autocar, mais elle n’a pas de papiers et la police surveille les passagers.Une autre, après une brève incursion chez ses parents, s’échappe. Enceinte de quatre mois d’un homme qui a été exécuté pour l’avoir fréquentée, elle voudrait avorter et cherche du secours auprès d’une ancienne détenue, devenue infirmière, qui ne peut rien pour elle. Dans la nuit noire de Téhéran, elle verra une jeune femme abandonner sa petite fille sur le trottoir et plus loin, un taxi arrêté par un contrôle de police parce qu’il a accepté de charger une prostituée.
Le cinéaste va de l’une à l’autre. Il ne raconte pas leur histoire, il capte simplement un moment de leur vie puis refermera le cercle sur le centre de détention où l'on retrouvera la plupart d’entre elles. Il faut des films comme celui-ci pour se faire une idée précise du sort actuel des femmes en Iran. Mariées sans leur avis, répudiées si elles ne donnent pas de fils ou dès qu’elles prennent de l’âge, incarcérées dès qu’elles sont une gêne pour l’entourage, elles n’ont aucun droit, pas même celui de sortir dans la rue non accompagnées. Jusqu’à quand cet enfer durera-t-il? Jafar Panahi ne répond pas à cette interrogation. Il observe et montre sans porter de jugement. Il dénonce simplement. Tout commentaire serait superflu. Auteur de Ballon Blanc qui avait révélé son talent, il a reçu à juste titre avec Le Cercle, le Lion d’Or au dernier Festival de Venise. Son film est interdit en Iran. Lien:www.cinemas-de-recherche.org/films_soutenus/cercle.htm

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