CE JOUR-LA

Article publié dans la Lettre n° 216


CE JOUR-LA. Film suisse de Raoul Ruiz avec Elsa Zylberstein, Bernard Giraudeau, Jean-Luc Bideau, Jean-François Balmer (2002-couleurs-1h45).
Livia, une jeune fille diaphane au sourire énigmatique traverse la vie comme dans un rêve. Elle sait que demain sera son plus beau jour et elle compte le vivre pleinement. Elle ignore qu’elle est l’unique héritière d’une immense fortune à tel point que celle-ci lui permettrait d’acheter la Suisse. Sa famille qui la croit folle, cherche à l’éliminer pour s’approprier l’héritage. Quoi de plus simple que de relâcher en cachette un fou pour qu'il la tue? Mais la rencontre d’Emil Pointpoirot et de Livia, sa victime, est un choc. Elle croit voir un ange, il veut la protéger. Quelques coups de marteau ou de couteau adroitement distribués vont décimer une famille dont les plans sont tous annihilés pendant que la police se garde bien d’agir au milieu d’un ballet incessant de convois militaires.
Une centaine de films plus tard, Raoul Ruiz le chilien, exilé en France durant la dictature de Pinochet, se montre toujours aussi surprenant. Ce dernier film facétieux donne dans la farce désopilante. Psychanalyste à ses heures, il use ici de ses connaissances pour donner corps et vie à deux personnages délirants et atypiques joués par deux comédiens de premier ordre. Elsa Zylberstein est une Livia lunaire formidable. Bernard Giraudeau campe un Emil psychopathe diabétique réjouissant, tout aussi préoccupé par sa maladie que par ses meurtres, tueur cinglé mais dont les réactions restent paradoxalement enfantines. Si l’absurde et l’incertitude sont les dénominateurs communs des films du réalisateur, leur place est ici indéniable et les intégrer dans une Suisse propre, austère et politiquement correcte est d’autant plus drôle. Le côté surréaliste des dialogues et des situations fait penser à Luis Buñuel, mais aussi à Claude Chabrol pour le machiavélisme de l’intrigue policière, placée dans cette « métaphore sur la Suisse, nation paysanne, banquière, confite dans une méchanceté profonde », selon Raul Ruiz, qui signe ici une farce loufoque au premier abord mais sérieuse dans le fond. Lien:www.gemini-films.com/sites/cejourla/


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