CAPITAINES
D'AVRIL
Article
publié dans la Lettre n° 182
CAPITAINES
D’AVRIL. Film luso-français de
Maria de Medeiros avec Stefano Accorsi Maria de Medeiros, Frédéric
Pierrot, Joaquim de Almeida (2000-couleurs-2h05).
Depuis longtemps déjà, l’armée portugaise n’en peut plus de la sale
guerre coloniale qu’elle mène au Mozambique, en Guinée et en Angola.
De retour en métropole, les tueries sanglantes poursuivent jusque
dans leurs rêves les soldats traumatisés. A Lisbonne, dans la nuit
du 24 au 25 avril 1974, le jeune capitaine Maia décide de se mutiner.
Il avait sensibilisé un groupe de sympathisants. Restait à fixer
la date, le signal: une musique anodine à la radio. Dans la caserne,
un bon nombre de soldats se rallient à sa cause. Avec armes et chars,
la petite armée s’ébranle vers la capitale, décidée à monter à l’assaut
pour destituer le président Caetano, héritier de Salazar.
Ce fut une nuit folle qui aurait pu basculer dans une guerre civile
mais qui, menée avec calme et détermination, ne s’achèvera qu’avec
la victoire des mutins et quatre morts parmi les civils. Ce putsch
aura été l’un des plus brefs de l’histoire. Au petit matin, la population
éberluée découvrira que pendant son sommeil, la face de sa vie a
été brusquement changée. Elle va entrevoir avec stupeur la fin d’une
dictature de 48 ans et l’espoir de l’instauration d’une démocratie.
Les films de guerre, de révolution ou de coup d’état sont en général
le domaine réservé des hommes. Mais Maria de Medeiros portait cette
nuit-là dans son coeur depuis l’âge de neuf ans, année des faits.
C’est avec une minutie et une précision absolues qu’elle nous fait
découvrir heure par heure cette révolution des oeillets, mêlant
au récit historique une intrigue sentimentale. Pourquoi une femme
pour décrire un putsch d’hommes? Sans doute parce que ce coup d’état,
qui fut celui de sa patrie, ne fut pas semblable aux autres. L’image
du char qui s’arrête avec civilité au feu rouge, immobilisant la
colonne entière, est symbolique: il se sera fait dans la tempérance,
presque dans l’élégance, et cela ne pouvait que séduire une femme.
Très documentée et avec un souci constant de la vérité, elle traite
son récit comme un film d’aventures où se succèdent affrontements,
suspense et amour. Les comédiens très impliqués dans l’aventure
adhèrent et suivent, sans doute séduits par leur « pasionaria ».
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