BOWLING FOR COLUMBINE

Article publié dans la Lettre n° 205

BOWLING FOR COLUMBINE. Documentaire canado-américain de Michael Moore (2002-couleurs-2h00).
Le 20 avril 1999 était une journée ordinaire aux Etats-Unis tout comme à Little Town, Colorado. Ce jour-là, dans le Michigan, la North Country Bank offrait une carabine en cadeau de bienvenue pour l'ouverture d’un compte. Charlton Heston, quant à lui, président de la National Rifle association, exhortait la population à s’armer, brandissant une arme et clamant: « Si vous la voulez, il faudra me passer sur le corps »!
Ce grand acteur a grandi dans cet état, tout comme Michael Moore, le réalisateur. Leurs idées pourtant divergent. Si l’un est pour le port d’armes, l’autre serait plutôt de l’avis du comique noir qui prétend sur scène que si l’on vendait une seule balle 5.000 dollars, il y aurait moins de crimes. A Little Town, se trouve Lookheed, la plus grande usine d’armes des U.S.A. En ville, un lycée, la Columbine High School. C’est ici que ce 20 avril, deux adolescents sont arrivés armés et ont abattu une douzaine de leurs camarades et professeurs avant de se suicider.
Tel Candide, Michael Moore enquête. Le nombre de crimes aux Etats-Unis atteint les 11.000 par an alors qu’il est pratiquement nul au Canada, pays voisin de 30 millions d’habitants, grands chasseurs, dont 7 millions possèdent une arme à feu. Dans les rues, personne ne se sent menacé, personne ne s’enferme à double tour chez soi le soir. Une passante lui confie que si les américains pensent pouvoir régler leurs problèmes avec une arme, eux préfèrent étudier le problème et négocier, question de tempérament. D’où vient cette différence? Si la criminalité a baissé de 20% aux U.S.A, les émissions de télévision montrant des scènes violentes, ont augmenté de 600%. Pour Michael Moore, la démonstation est évidente. Les médias cultivent la peur en ne montrant que violence et meurtres, impliquant invariablement des noirs. Cette diabolisation des noirs et des hispaniques est quotidienne. La population conditionnée finit par vivre dans une psychose constante que l’attentat du 11 septembre a renforcée. Moralité: Tant que les américains continueront de jouer les cow-boys chez eux et ailleurs, leur pays restera le plus violent du monde. Depuis les années 90, Michael Moore dénonce les avatars de son pays à coup de documentaires. Roger et moi et The Big One avaient remporté un grand succès. Avec Bowling for Columbine, infatigable, efficace et drôle, il enfonce un clou de taille (Lettre 205). Lien: www.bowlingforcolumbine.com

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