BON
VOYAGE
Article
publié dans la Lettre n° 214
BON VOYAGE. Film français de Jean-Paul
Rappeneau avec Isabelle Adjani, Gérard Depardieu, Virginie Ledoyen,
Yvan Attal, Grégori Denangère (2002-couleurs-1h55).
A Paris en 1939, la vie mondaine suit son cours malgré les menaces
de guerre. Viviane, comédienne en vogue, fait la une des journaux
avec la sortie d’un film. Elle est courtisée par le ministre Jean-Etienne
Beaufort et repousse les assiduités d’un certain Arpel. Un soir,
au cours d’une dispute, elle tue ce dernier. Affolée, elle appelle
au secours un ami d’enfance, amoureux d’elle, Frédéric Auger qui
se laisse accuser à sa place. Il est incarcéré.
1940, la guerre que l’on pensait gagner est perdue. Face à l’inexorable
avancée allemande, la capitale se vide. Hommes politiques dont Beaufort,
comédiens dont Viviane, bourgeoisie ou peuple déferlent vers le
sud. Les prisons se vident. Frédéric et Raoul, un copain d’infortune,
profitent de l’affolement général pour s’échapper. Tous échouent
à Bordeaux. Les rues, les ponts croulent sous ce déferlement humain
qui investit hôtels, pensions, chambres d’hôtes dans un désordre
indescriptible et une panique totale. L’hôtel Splendid abrite les
plus fortunés et ce qui reste du gouvernement. La bataille de l’eau
lourde reste célèbre. En provenance de Norvège et stockée dans les
caves du Collège de France, l’équipe scientifique décide de convoyer
le précieux liquide vers l’Angleterre via Bordeaux. Jean-Paul Rappeneau
matérialise cet épisode en mettant en scène le personnage du professeur
Kopolski qui, aidé d’un chauffeur et de Camille, une jeune assistante,
tente de soustraire le chargement à la convoitise des scientifiques
allemands à sa poursuite et renseignés par un espion, Alex.
A Bordeaux, pendant que Jean-Etienne Beaufort participe au sort
politique de la France, Viviane, sa maîtresse, retrouve Frédéric,
en cavale avec Raoul et qui, entre temps, a fait la connaissance
de Camille et du professeur Kopolski. Leur destin se croise pour
quelques heures. Jean-Paul Rappeneau rassemble ses propres souvenirs
et ceux de nombreux témoignages pour imaginer l’intrigue complexe
et luxuriante d’un scénario où les turbulences de l’histoire rejoignent
celles de la comédie. On y retrouve tout ce qui fait la réputation
du réalisateur, la virtuosité d’une mise en scène dynamique, des
plans et des décors raffinés et une très belle reconstitution d’époque.
Des personnages bien dessinés sont interprétés, avec fougue par
Grégori Denangère, solidité par Gérard Depardieu, gouaille par Yvan
Attal et finesse par la jolie Virginie Ledoyen. Isabelle Adjani
est convaincante en starlette capricieuse et égoïste mais manque
parfois d’élan dans un rôle pourtant taillé sur mesure.
Si on se laisse prendre par les péripéties de la fiction, la partie
historique dépeinte par le réalisateur laisse perplexe. Sans doute
est-ce parce qu’il privilégie davantage la débâcle d’une société
à la dérive plutôt que celle des événements. Lien: www.arpselection.com.
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