BEIJING BICYCLE

Article publié dans la Lettre n° 186


BEIJING BICYCLE. Film sino-français de Wang Xiaoshuai avec Cui Lin, Li Bin, Zhou Xun (2001-couleurs-1h55).
En Chine, les différences restent très marquées entre la ville et la campagne. Les villageois, méprisés par les citadins, rêvent tous d’aller travailler à la ville et si possible à Pekin (Beijing), miroir aux alouettes. Guei a 16 ans. Il vient d’arriver de sa campagne natale et a eu la chance de se faire engager comme coursier dans une firme importante. Conscient de cet honneur, il est prêt à tout pour donner satisfaction à ses employeurs. On lui confie une bicyclette avec le contrat suivant: lorsqu’il aura gagné ses premiers 600 yuangs, ils ne lui seront pas versés, mais son outil de travail lui appartiendra. Il recevra par la suite un salaire normal. Heureux et fier, Guei travaille d’arrache-pied et ce n’est pas simple pour un petit campagnard d’être confronté du jour au lendemain au luxe des grandes sociétés ou des palaces où il va livrer lettres et paquets. Il parvient presque à gagner les 600 yuangs lorsque ce qui devait arriver arrive, on lui vole sa bicyclette. Sa consternation est à la mesure du mécontentement de son patron qui convient avec lui de le réengager s’il retrouve la bicyclette. Retrouver un vélo à Pekin, c’est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin mais il finit par le localiser sous les fesses d’un lycéen, qui lui dit l’avoir acheté aux Puces. Que faire? L’un a dorénavant les mêmes droits que l’autre sur l’objet.
Cette mésaventure pourrait passer pour une amusante anecdote si elle n’avait pas pour cadre la Chine d’aujourd’hui. En effet, les péripéties de Guei dans sa vie tant professionnelle que quotidienne ne sont pas celles d’un long fleuve tranquille. Grâce à un scénario très travaillé et à deux excellents comédiens, le réalisateur brosse un tableau assez révélateur de la difficulté de vivre à Pekin et rejoint le thème du film de Sun Zhou Plus fort que le silence (n°183). L’un et l’autre donnent l’impression que dans cette mégapole, chacun agit comme un automate, uniquement attaché à accomplir sa propre tâche sans de soucier des autres. Ce chacun pour soi, où la solidarité et la compassion semblent exceptionnelles, surprend, tout comme l’absence totale de forces de l’ordre dans les rues, où l’on rend ses comptes dans l’indifférence générale. Tout donne l’impression d’une immense solitude au milieu d’une multitude anonyme et sans états d' âme.


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