BABOUSSIA

Article publié dans la Lettre n° 224


BABOUSSIA. Film russo-français de Lidia Bobrova avec Nina Choubina, Anna Ovsiannikova, Vladimir Koulakov, Serguei Anoufriev, Olga Onichenko (2003-couleurs-1h40).
Encore adolescente, pendant la guerre, Baboussia a creusé les tranchés de Stalingrad. Elle garde de cette époque le souvenir tenace fait d'amertume et d’orgueil d’avoir servi son pays. Puis elle a eu une famille, une maison bien à elle où elle a élevé tous ses petits-enfants. Deux d’entre eux sont morts en Afganistan. Une plaie profonde mais secrète s’est ouverte dans son coeur. Vera sa fille et son gendre Ivan, vivent chez elle, Vera ne pouvant assurer le train d’une maison ayant été victime de plusieurs attaques cérébrales. La maladie d’Ivan, qui nécessite une opération, va accélérer le destin de Baboussia. Devant rester deux mois à l’hôpital, il confie Vera à Aia, sa fille, et Baboussia à Anna, la soeur de cette dernière. Les deux soeurs vont vivre leurs retrouvailles dans la joie jusqu’au décès de Vera et à l’accident imprévu d'Anna. Qui peut accueillir la vieille grand-mère qui a vendu sa maison et partagé l’argent entre ses petits-enfants? Sa nièce Liza, journaliste à Moscou, cherche sans succès une maison d’accueil.
Suivant le fil de l’histoire tragique d’une personne âgée comme il y en a malheureusement tant d’autres dans le monde, Lidia Bobrova fait le bilan de la situation de la Russie depuis la chute du mur qui a causé la première attaque de Véra. L’apparition des nouveaux russes qui se partagent pouvoir et argent et dont les activités restent mystérieuses pour une grande partie de la population, la guerre en Tchéchénie qui fait de l’oncle un réfugié dans son propre pays, sa maison et ses biens ayant été détruits là-bas, les relations familiales faites de jalousie et d’appât du gain, l’alcoolisme qui frappe les hommes et qui oblige les femmes à assurer seules la survie de la famille, la misère des retraités dont la maigre retraite ne suit plus le coût de la vie, Tout ceci est observé par Liza, celle qui a réussi, jeune femme moderne, coincée entre ses origines paysannes et sa réussite professionnelle qui l’a propulsée dans l’aisance et dont les longs cheveux qu’elle ne s’est pas résolu à couper et grande fierté de sa mère, demeurent l’ultime lien avec ses origines modestes. Une oeuvre forte, précise et dramatique, exempte de toute mièvrerie et sentimentalisme, interprétée par des comédiens magnifiques. Lien: www.baboussia.com.


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