L'ANGE DE L'EPAULE DROITE

Article publié dans la Lettre n° 211


L’ANGE DE L’EPAULE DROITE. Film tadjik de Djamshed Usmonov avec Uktamoi Miyasarova, Maruf Pudulodzoda, Kova Tilavpur (2002-couleurs-1h20).
Après quelques années passées en Russie où il a purgé une peine de prison, Hamro rentre au pays. Dans le taxi qui le ramène, un homme accompagné d’un mouton qu’il va sacrifier, lui raconte son histoire qui donne aussitôt le ton du film, celui de l’omniprésence des légendes et des miracles dans la culture tadjik. Au village, il retrouve Halima, sa mère, mourante. A son chevet, le médecin pronostique une mort imminente. La maison tombe en ruine. Le maire et usurier du village qui a racheté les dettes d’Hamro, lui conseille de réparer la maison, afin d’offrir à sa mère des funérailles convenables, puis de la vendre pour le rembourser. Hamro commande les travaux, ignorant que sa mère, bien portante, feint d’agoniser pour qu’il s’acquitte de ses dettes. C’est alors qu’on lui amène son fils, né dix ans plus tôt d’une jeune femme décédée un an après sa naissance, et qu’Hamro avait abandonnée. Hamro accepte le garçonnet de mauvaise grâce. Méprisant et méprisable, il cherche à tirer parti de tout et de tous à son avantage, n’hésitant pas à cambrioler la mairie, mais le regard que son fils porte sur lui va l’obliger à évoluer. Cependant, il faudrait un miracle pour changer l’âme d’Hamro qui n’est pas encore prêt. Peut-être un sentiment de culpabilité le taraudera-t-il à la fin lorsqu’il abandonnera Savri, la jeune femme qui l’aime, comme il l’a fait pour la précédente.
Ce troisième film de Djamshed Usmonov, jeune réalisateur tadjik de trente-huit ans, est tout d’abord un film sur la mère, l’importance qu’elle revêt pour un fils, et l’angoisse que représente sa disparition inéluctable. Pour le réalisateur « la perte de la mère équivaut à la perte de soi ». Deux légendes musulmanes lui servent à exprimer l’amour d’Halima pour son fils. Ce sont elles qui donnent au scénario sa connotation irréelle et poétique. Mais l’histoire d’Hamro est aussi celle de tout un peuple avec ses coutumes et ses rites (comme celui du marchandage qui ne s’accomplit jamais sans le serrement de mains continu des deux parties), ses légendes, dont celle qui donne son titre au film, ses miracles, comme celui de la mort de la mère. Le cinéaste décrit avec d’autant plus de réalisme la situation économique et le comportement des habitants qu’aucun acteur est professionnel. La plupart fait en effet partie de sa famille, comme son frère qui interprète le rôle titre ou sa mère qui joue celui d'Halima. Sa réflexion sur la vie, et les rapports entre le bien et le mal sont l'armature passionnante de cette oeuvre originale remarquablement construite. Lien: www.celluloid-dreams.com/angel/index.htm


Retour à l'index des films

Nota: pour revenir à « Spectacles Sélection » il suffit de fermer cette fenêtre ou de la mettre en réduction