10e
CHAMBRE, INSTANTS D'AUDIENCE
Article
publié dans la Lettre n° 230
10e CHAMBRE, INSTANTS D’AUDIENCE. Documentaire
de Raymond Depardon (2003-couleurs-1h45).
Il y a dix ans, Raymond Depardon réalisait Délits Flagrants,
un court-métrage, où il filmait le face à face entre des prévenus
et trois substituts du procureur. Les premiers tentaient de se tirer
d’affaire avec pour seule arme leur mauvaise foi. Les seconds tentaient
de les confondre s’appuyant sur la leur: le code. Parmi les substituts,
Michèle Bernard-Requin. Aujourd’hui juge à la cour d’appel, Raymond
Depardon la retrouve à la 10e chambre du tribunal correctionnel
de Paris. Durant un trimestre, le réalisateur y a installé ses caméras,
filmant le déroulement des affaires qu’elle juge. Une douzaine d’entre
elles a été retenue, des « petites affaires », celles pour lesquelles
les prévenus filmés ont accepté d’être acteurs du documentaire.
Les audiences se succèdent à un rythme soutenu. Madame le président
remplit son office face à chaque prévenu, assisté ou pas d’un avocat,
en général débutant et maladroit. Vol à la tire, conduite en état
d’ivresse ou sans permis, harcèlement d’une ancienne compagne, clandestin,
elle interroge, essaie de comprendre et surtout de faire comprendre
la faute avec psychologie et une bonne dose de patience. Face à
ces vies chaotiques pour la plupart, elle tente de prendre le meilleur
parti, parfois désarçonnée par un cas désespéré, celui par exemple
d’un clandestin arrivé grâce aux services d’un passeur il y a 16
ans à qui elle explique en vain qu’il doit retourner chez lui par
ses propres moyens. Mais lesquels? Un sociologue lui fera pourtant
perdre son calme: arrêté dans le métro en possession d’un Opinel,
arme pour le code, mais outil pour lui, il est désireux de le prouver,
notes à l’appui. « Vous n’allez tout de même pas m’apprendre le
code », explose-t-elle, ses nerfs sans doute mis à dure épreuve
devant ce défilé d’irresponsables ou d’inconséquents qu’elle doit
remettre dans le droit chemin. Après délibérations, les peines tombent,
en général équitables. Soulagés ou furieux les prévenus quittent
les lieux, pas moins éprouvés que leur juge. Quelles que soient
les intentions de Raymond Depardon, son documentaire donne une image
plutôt positive du travail de la justice. Lien: www.filmsdulosange.fr/fr_a_laffiche_chambre.php
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