VOTRE MAMAN

Article publié dans la Lettre n° 426
du 8 mai 2017


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VOTRE MAMAN de Jean-Claude Grumberg. Mise en scène Charles Tordjman avec Catherine Hiegel, Bruno Putzulu, Philippe Fretun, Paul Rias.
Quel enfant n’a pas entendu ce « Votre maman… », préambule lourd d’un silence éloquent, émis par le directeur de l’Ehpad où il a confié l’être cher ? Pour ce responsable dépassé par le manque de personnel destiné à prendre soin des anciens qui, le plus souvent, n’ont plus les pieds sur terre, la solution idéale serait d’affecter une aide-soignante à chacun mais la rentabilité prime sur le confort et la sécurité des pensionnaires. Le directeur rejette donc la responsabilité des actes dérangeants des parents sur les enfants pour qu’ils les ramènent à la raison, comptant sur leur complexe de culpabilité d’avoir abandonné  là l’auteur de leurs jours.
Dans un établissement médicalisé lové dans un parc à l’orée d’un bois, une maman reçoit les visites régulières de son fils. Elle l’accueille selon sa lucidité et son humeur. Victime de la maladie d’Alzheimer, parfois elle le reconnaît, parfois non. Son esprit malade ne s’attache plus guère qu’aux petites choses du quotidien: la défense de son propre territoire, ou aux caprices de l’instant : l’appropriation des biens d’autrui. Le directeur et le fils tentent de contrecarrer les velléités de la vieille dame mais celle-ci n’en a cure et s’enfonce chaque jour davantage dans les souvenirs d’un passé caché tout au fond de sa mémoire. Un traumatisme ancien, longtemps occulté par la nécessité de vivre et de s’occuper des siens, réapparaît impérativement à l’heure où le présent s’efface...
À la faveur d’un thème de société préoccupant, l’espérance de vie étant de plus en plus longue, Jean-Claude Grumberg revient sur les exactions nazies commises durant la Seconde Guerre Mondiale  à l’encontre de tant de familles juives décimées dont certains membres ont survécu par miracle. Vêtue d’un gros manteau et chaussée de bottes, Catherine Hiegel déambule à pas comptés, le visage, où passent toutes les émotions éprouvées par son personnage, frémissant au moindre souffle de vent. Elle interprète avec un naturel désarmant cette maman qui ne semble plus reconnaître son propre fils mais garde un souvenir précis de sa mère qui, un jour, a lâché sa main pour toujours et occupe dorénavant toutes ses pensées. Elle et Bruno Puzulu forment un duo à la fois drôle et touchant, mère décidée à aller au bout de sa quête et fils aimant, totalement impuissant, face à Philippe Fretun, directeur plus vrai que nature. M-P P. Théâtre de l’Atelier 18e.


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