UNE JOYEUSE ET DÉLIRANTE VILLÉGIATURE

Article publié dans la Lettre n° 390
du 21 décembre 2015


UNE JOYEUSE ET DÉLIRANTE VILLÉGIATURE d’après  « Les Aventures de la villégiature » de Carlo Goldoni et « l’Histoire de ma vie » de Casanova. Adaptation et mise en scène Attilio Maggiulli assisté de Claudine Simon avec Hélène Lestrade, David Clair, Alexis Long, Maëlle Salomon, Vincent Morisse.
Carlo Goldoni, exilé à Paris après avoir tenté de moderniser dans son Italie natale les règles de la Commedia dell’ Arte trop classiques à son goût, bavarde avec son ami Casanova des pièces qu’ils ont écrites. Pourquoi ne pas créer ensemble un impromptu à partir de la « Villégiature » et d’un extrait de la vie de Casanova sur sa bienfaitrice, la marquise d’Urfé ? Ils parviennent à convaincre la très célèbre et retraitée Silvia Balletti, égérie de Marivaux, de se joindre à eux pour jouer le rôle de Sabina, veuve vieillissante éthérée, éprise d’un pique-assiette qui feint de l’aimer pour la dépouiller et décident de répéter quelques scènes. L’action se situe dans la maison de Filippo et Sabina, frère et sœur en villégiature du côté de Livourne. Goldoni se réserve le rôle de Filippo et Casanova celui de Ferdinando, le chevalier servant. Ils endossent bien sûr d’autres rôles. Celui d’un cuisinier mongol à la cuisine immangeable qui, ne parlant pas leur langue, s’efforce de se faire comprendre en mimant les aliments qui composent le menu, s’aidant du public si besoin est, ou ceux de deux charlatans qui se font passer pour des magiciens décidés à vendre à prix d’or un élixir de jeunesse à la trop crédule Sabina… Ils incluent dans leur délire les deux valets masqués pétillants de malice que sont Colombine et Arlequin, personnages emblématiques de la grande tradition du théâtre à l’italienne.
Attilio Maggiulli, directeur tenace de la Comédie italienne, dernier théâtre en France à monter des pièces dans la continuité de la Commedia dell’ Arte, n’a plus que cinq fidèles à ses côtés, prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes. La beauté des lieux, le raffinement des canons de cet art en perdition représenté par les personnages d’Arlequin et de Colombine, la restitution de l’univers si drôle de la comédie, la profusion des décors et des costumes conçus à la diable, réjouit un public averti qui repart enthousiasmé.
Bravo à ces résistants qui luttent encore et toujours contre la fermeture du dernier lieu français d’une tradition séculaire. Comédie italienne 14e.


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