UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR

Article publié dans la Lettre n°496 du 5 février 2020


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UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR de Tennessee Williams. Mise en scène Manuel Olinger. Avec Manuel Olinger, Julie Delaurenti, Murielle Huet des Aunay ou Tiffany Hofstetter, Gilles-Vincent Kapps ou Philipp Weissert, Jean-Pierre Olinger (saxophoniste).
Désir. Il est au cœur de tout dans cette pièce si ambiguë. Désir qui nomme le tramway qui mène Blanche chez sa sœur Stella, dans un quartier populaire de la Nouvelle-Orléans. Désir au corps de Stella et de son mari Stanley, en dépit des brutalités et des beuveries. Désir de mariage plein de pureté pour Mitch, fasciné par Blanche, qui ne rêve que d’honorabilité retrouvée, de passé recouvré, d’oubli des désillusions et des avilissements. Désir de franchise et de vérité dans un univers d’aveuglement, de mensonge et de trahison. Personne n’est vraiment dupe, tout en faisant semblant d’y croire. Blanche en fuite est arrivée là faute d’autre asile où abriter ses fantasmes. Sa seule présence révèle les mésalliances, elle bouleverse l’équilibre précaire de sa sœur, du poker habituel, de l’alcoolisme violent de Stanley, des camaraderies sans fioritures. Parfum capiteux, robes tapageuses, bijoux factices, un corps qui occupe l’espace visuel de ces hommes un peu frustes. Parce que le domaine des splendeurs anciennes, Belle Rêve, n’est plus qu’un beau rêve enfui, Blanche sombrera, entraînant dans sa chute la fragilité des autres. Folie, dégoût, rejet, irrémédiable solitude. Et la naissance de l’enfant au matin n’empêche pas le goût amer d’une journée sans lumière ni espoir.
Les comédiens donnent à voir cette sorte de huis-clos où chacun est englué dans ses faussetés et tente de s’ébrouer, à sa manière malhabile et douloureuse.
La mise en scène rend compte à la fois d’un espace encombré physiquement et métaphoriquement, où les personnages se cognent, heurtent, étreignent, repoussent, et aussi d’une échappée vers un ailleurs d’espoir entrevu, s’il n’y avait pas des grilles… Tandis que l’excellent saxophone de Jean-Pierre Olinger swingue le mélancolique Blue Moon… A.D. Théâtre de la Scène Parisienne 9e.


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