UN STYLO DANS LA TÊTE

Article publié dans la Lettre n° 339
du 9 avril 2012

UN STYLO DANS LA TÊTE de Jean Dell. Mise en scène Jean-Luc Moreau avec Francis Perrin, Anne Canovas, Sophie Gourdin, Xavier Goulard, Valérie Even, Eric Boucher.
Les tons rouge et or des peintures, les affiches des pièces de théâtre accrochées aux murs, les Molières alignés sur l’étagère sont sans doute les attributs du bureau d’un auteur de théâtre à succès. Mais non ! Il s’agit de la salle de séjour de Victor Aubrac où sa femme Adeline se morfond dans l’attente du retour du grand homme. Un intérieur est le miroir de celui qui l’habite, psyché fort théâtrale chez les Aubrac. Adeline a une alternative. Ou elle en prend son parti et adule bêtement son homme de théâtre de mari ou elle le quitte. Quand on connait son ex, on comprend qu’elle reste malgré tout avec celui-là ! Enfin de retour, Victor fonce sur son ordinateur, il attend une réponse importante. Adeline n’en sait pas davantage, pas plus qu’elle ne connaît le sujet de la dernière pièce qu’il a concoctée, une comédie où il tourne en dérision sa femme et ses amis, finit-il par lui avouer. Connaissant la veine caustique de son mari, elle craint le pire et n’a pas tort. Les amis dont il s’est inspiré, sont conviés à dîner. Xavier leur annonce la finalisation de son projet. Olga l’enquiquineuse et sa sœur Karen la dépressive, Raoul, l’ex d’Adeline, et Raphaël l’homosexuel connaissent eux aussi l’auteur. Ils ne sont pas franchement ravis de servir de personnages dans sa dernière œuvre, d’autant plus qu’il n’a même pas changé les noms. La soirée est animée, elle vire au désastre lorsqu’ils exigent de lire le manuscrit. Mais Victor a plus d’un tour dans son sac. La fameuse réponse tant attendue arrive. Qui résisterait à l’orgueil d’avoir son nom associé à l’histoire du théâtre ?
Jean Dell a concocté l’une de ces comédies sans prétention sur les petits travers de notre société dont il a le secret. Francis Perrin exploite brillamment la mise en scène virevoltante de Jean-Luc Moreau, aiguillonné par Anne Canovas, formidable Adeline, dotée d’un surprenant dynamisme. Les autres comédiens tirent très bien leur épingle du jeu, même si certains chargent parfois inutilement le trait. Les péripéties et rebondissements continus, les dialogues aux inénarrables réparties se suffisent à eux-mêmes et provoquent dans la salle une cascade de rires irrépressibles. L’explication pointilleuse du tri sélectif, assez inattendue, est particulièrement désopilante! Théâtre des Nouveautés 9e.

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