UN FIL À LA PATTE

Article publié dans la Lettre n° 406
du 7 décembre 2016


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UN FIL À LA PATTE de Georges Feydeau. Mise en scène Anthony Magnier avec Stéphane Brel ou Lionel Pascal, Marie Le Cam, Agathe Boudrières, Xavier Clion, Gaspard Fasulo ou Xavier Martel, Anthony Magnier ou Julien Jacob, Solveig Maupu, Eugénie Ravon, Mikaël Taïeb.
Quand il lui faut choisir entre sa pulpeuse sangsue de maîtresse et un parti matrimonial avantageux, Bois d’Enghien a fort à faire ! Une journée bien chargée à éviter l’une, sans lui avouer sa désertion, et à abuser la future belle-famille. Et quand le tabellion qui se croit poète, le riche amoureux rastaquouère, la fiancée en mal d’émotions fortes, le parasite qui pue, les habituels pique-assiette, viennent compliquer les choses, les portes claquent et les involontaires strip-tease embrouillent les situations. Ils se marièrent et eurent de nombreux enfants, à coup sûr, puisque le dénouement évidemment connu dès le départ n’a que peu d’importance, en regard du rythme complètement déjanté d’une intrigue à ressorts incessants. Le vaudeville de Feydeau n’a pas de secrets pour un public averti, acquis, conquis. Le rire est le maître-mot, encore faut-il éviter le piège du délire convenu. C’est ce que réussit avec une efficacité sans faille cette mise en scène, avec des choix heureux de dépouillement de l’espace scénique, de rythme endiablé scandé par des intermèdes chorégraphiques et musicaux en complet décalage avec l’époque,  d’évocation en ombres chinoises de scènes intermédiaires. Le plateau n’est habité que de chaises qui volent, de lustres qui évoluent, de portes absentes mais métaphorisées par les sonnettes et les claquements incessants que concrétise la voix des acteurs. On danse, on se roule par terre, on éructe, dans des poursuites hilarantes, dans l’invraisemblable galimatias d’un Sud-Américain en kilt, dans les mimiques désopilantes du clerc pourchassé, dans l’essoufflement harassé du fiancé traqué. Les décolletés pigeonnants sont au bord de la rupture, les pantalons vadrouillent.
Le ton est donné dès le prologue, on n’aura pas droit au théâtre dit classique ! La cohérence complice de toute la troupe, dans l’incohérence la plus jubilatoire des événements, laisse le spectateur hors d’haleine et ravi. A.D. Théâtre 14 14e.


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