L’UN DE NOUS DEUX - MANDEL / BLUM

Article publié dans la Lettre n°486 du 25 septembre 2019


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L’UN DE NOUS DEUX - MANDEL / BLUM de Jean-Noël Jeanneney. Mise en scène Jean-Claude Idée. Avec Christophe Barbier, Emmanuel Dechartre, Simon Willame.
Détenus dans les prisons françaises par les autorités de Vichy depuis 1940, Léon Blum, ancien président du conseil, et Georges Mandel, ancien ministre de l’intérieur, ont été déportés à Buchenwald en 1943 sur l’injonction de Hitler, faisant office d’otages. Les deux hommes ne sont pas internés dans le camp de concentration mais dans une bâtisse qui, sur scène, surplombe le camp.
Treize mois ont passé. Depuis la fenêtre de la pièce où ils sont détenus, les bâtiments du camp et les allées et venues des jeeps et des soldats s’offrent à leur vue. Dans l’attente du sort qui leur sera réservé, ils cohabitent sous l’œil attentif de Hans, un officier francophone. Bien des choses opposent les deux hommes. Leur personnalité et leur caractère très différents, bien sûr, mais surtout leurs convictions politiques, l’un socialiste convaincu, l’autre républicain. Au fil des conversations, se dessine la cartographie de la politique française sur plus de soixante-dix ans avec, en filigrane, l’admiration que Blum et Mandel vouent respectivement à leurs maîtres à penser, Jean Jaurès et Georges Clemenceau. Si le rappel des différentes actions politiques perçues différemment par le socialiste et le républicain sont sources de différends, une passion similaire pour la liberté, la démocratie et la justice sociale, la nostalgie de la capitale et leur judéité commune les rapprochent avec l’arrière-pensée d’avoir ou de ne pas avoir pris les bonnes décisions. « Un choix n’est jamais abstrait. Il est toujours engoncé dans les circonstances ». En juin 40, tout s’est décidé en quelques jours. Ils auraient pu partir mais ils ont choisi de rester.
Aujourd’hui ils savent que la victoire est acquise. Mais la nouvelle de l’exécution de Philippe Henriot par la résistance leur fait redouter des représailles. Ils pressentent que l’un des deux ne survivra pas. Ce sera Georges Mandel, livré par les allemands et assassiné par la Milice le 7 juillet 1944.
Jean-Claude Idée met en scène l’ouvrage de l’historien Jean-Noël Jeanneney avec beaucoup de finesse. Le quotidien terrifiant du camp qui s’écoule au-delà de la baie vitrée, les nouvelles diffusées à la radio qu’ils ont le droit d’écouter et les images des actualités de l’époque rendent très vivant un dialogue qui, sans ces animations, serait ardu à suivre. Christophe Barbier (Georges Mandel) et Emmanuel Dechartre (Léon Blum), retiennent l’attention avec talent. Une soirée instructive sur un moment clé de notre histoire. M-P.P. Petit Montparnasse 14e.


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