TROIS RUPTURES

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 385
du 21 septembre 2015


TROIS RUPTURES. Texte Rémi De Vos. Mise en scène Sylvain Martin avec William Astre et Emilie Pierson.
Crime scene do not cross. Le ruban jaune et bleu délimite le ring, une femme et un homme vont s’y affronter au cours de trois rounds. Même costume jaune et noir, mêmes exercices d’assouplissement, les deux boxeurs se circonviennent à l’aguet. Trois rounds scandés par le gong, avec en surtitre un élément de leur vie commune, fauteur de trouble et de rupture à l’horizon. Chienne, pompier, enfant. Les arguments de mauvaise foi et de rancœur fusent en dialogues très rapides, n’épargnant pas la violence physique. ELLE le quitte après un exquis repas amoureusement concocté, parce que la chienne parasite leur vie, IL se venge en la molestant avec un brouet infâme. Il la trompe avec un pompier, incrédule et blessée elle se gausse tout en ruminant sa jalousie. Qui quittera qui ? La dispute mettra le feu aux poudres… Il et Elle guettent, dans une angoisse croissante et palpable, les modulations d’un dessin animé nippon en sons off. On devine à mots de moins en moins couverts la terreur que leur petit monstre de fils fait régner dans leur vie. Manifestement incapables de le maîtriser, les deux parents entament l’escalade verbale de leur espoir de s’en débarrasser par miracle. Au point de ne voir que la séparation comme ultime remède, la culpabilité les terrasse tous deux.
L’impossible rupture se décline en défaites dérisoires dans l’oppressant quotidien des couples. La trivialité, souvent amusante, du langage ferait à tort croire à la médiocrité des situations. C’est de mort qu’il s’agit, celle de l’amour, de la confiance, de la simple possibilité du partage conjugal autrement que dans l’asphyxie et le déchirement.
Crime scene do not cross… le spectateur, yeux en scalpel, est le légiste. A.D. Comédie Tour Eiffel 15e.


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