TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN

Article publié dans la Lettre n° 325
du 11 avril 2011


TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN d’après William Shakespeare. Adaptation et mise en scène Pierre Beffeyte avec Rachel Arditi ou Alexandra Chouraqui, Romain Bouteille, Julia Duchaussoy, Sébastien Finck, René-Alban Fleury, Christophe Guillon, Emmanuel Guillon, Franck Lorrain, Estelle Simon, Benoît Solès ou Maxime d’Aboville, Chantal Tricher, Yvan Varco.
La comtesse, veuve de frais, est pleine d’ambition pour son fils, un jeune fierabras avide d’en découdre avec l’ennemi qui lui apportera la gloire. La ravissante Hélène, amoureuse de ce Bertrand qui ne la regarde même pas, bravera dangers et rebuffades pour conquérir par la ruse et l’intelligence le cœur de l’indifférent. Elle aura la bienveillante reconnaissance du roi, guéri par ses soins d’une méchante vérole. Dans une folie hautement virevoltante, évoluent les courtisans fantoches, le bouffon, le lâche plein de rodomontades. On échange des bagues, on substitue les rôles, on répand un bruit de mort. Evidemment, Bertrand honorera son mariage avec Hélène et tout sera pour le mieux dans un final joyeux. La mise en scène choisit de pousser jusqu’à la caricature le délire généralisé, tout en insistant sur la relativité des pouvoirs et des sentiments. Le roi, tout en jonglant avec les anachronismes, fait preuve d’un pointillisme grammatical auquel sa cour ne comprend rien, les suivants, Parolles, Lafeu et Renaud Aîné embrouillent tout le monde, le bouffon (étonnant Romain Bouteille), dans une jubilatoire logorrhée, parle comme le cacatoès auquel les couleurs criardes de son costume le font ressembler. Les courtisans batifolent sur des montures enfantines, se déguisent en arbres, le couard est pris au piège de sa lâcheté de matamore. Le décor en toile peinte à la manière de Max Escher jure avec le mauvais goût ostentatoire du mobilier royal.
Bref, tout est dans l’outrance et le vertige, la comédie est à la farce, le revirement prévisible des amours proclamées ou refusées écarte l’émotion inquiète même dans la rumeur de mort. Les acteurs, animés d’une folie communicative, entraînent le public dans cette ronde irrésistible et tout est bien qui finit bien pour tout le monde. Théâtre 14 14e. A.D.


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