LA SEXTAPE DE DARWIN, ce que Noé ne savait pas. Texte et mise en scène Brigitte Mounier. Avec Marie-Paule Bonnemason, Antonin Chediny, Brigitte Mounier, Sarah Nouveau.
Masculin, féminin, mâle, femelle. Bien naïfs, voire péremptoires, sommes-nous sur un dualisme qui paraît si évident pour les conformismes ataviques ! Ce serait sans gravité s’il n’y avait pas autant de préjugés, trop souvent violents, voire mortels, qui s’attachent, s’attaquent au corps. Femmes battues, violées, tuées, homosexualité pourchassée, comment combattre ces crimes contre le corps ? Brigitte Mounier prend le parti, hautement pédagogique parce que plein d’humour, de nous prouver combien la nature nous offre la diversité infinie de ses composantes en matière de fécondation, de reproduction, de sexualité. Exemples précis et scientifiquement prouvés à l’appui, le spectacle déroule une promenade hilarante de l’hermaphroditisme jusqu’à l’hétérosexualité débridée des bonobos, en passant par la transsexualité de certains poissons et mollusques, la fécondation à distance de l’araignée rouge, la séduction luminescente de la luciole. Les limaces se séduisent avec lenteur et tendresse, les libellules dansent langoureusement, d’autres vivants naissent mâles, vivent femelles avant de retrouver leur masculinité avec la vieillesse.
Pour donner à voir des réalités aussi déconcertantes, Brigitte Mounier, en professeur de Sciences naturelles bon chic bon genre, emploie un vocabulaire sans fausse pudeur, convie des spectateurs à se prêter, sur scène, à un jeu déconcertant mais sans ambiguïté malsaine ni graveleuse. Elle commente avec un humour décapant les ébats des libellules ou des grenouilles amoureuses, que danse avec souplesse le couple formé par Antonin Chediny et Sarah Nouveau. Tandis que s’élève la voix de Marie-Paule Bonnemason, qui chante aussi bien le Roi Hiver de Purcell que les vocalises séductrices des oiseaux, et qui imite à s’y méprendre les sonorités des amours animales.
Ce spectacle devrait faire partie du cursus scolaire et des Universités populaires, tant il met sainement et joyeusement les idées en place envers et contre toutes les stigmatisations sociales. A.D. Théâtre La Bruyère 9e.